Le Sardine Run au Mexique

Tous les ans, de mi-octobre à fin novembre, un phénomène exceptionnel et mystérieux se produit sur les côtes mexicaines du Pacifique.

Publié le 15/10/2020

Venus des eaux de l’Amérique du Sud et parcourant parfois des centaines de kilomètres, des centaines d’animaux marins convergent vers le même rendez-vous. Durant quelques jours, ces prédateurs vont attaquer sans relâche une formation animale de plusieurs kilomètres de long…un organisme vivant de plusieurs milliers de tonnes.

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Ce nuage colossal constitué de milliers de sardines vient en vérité, de lui-même à la rencontre de ces prédateurs, comme pour s’offrir en sacrifice. Une « offrande » qui interroge encore aujourd’hui et qui laisse planer des mystères quant au cerveau unique qui semble régir le déplacement de tous ces poissons.

Bien que la sardine ne soit pas l’espèce favorite des plongeurs, elle devient pourtant l’attraction principale de trois destinations de façon assez ponctuelle : l’Afrique du Sud (incontournable), les Philippines mais aussi le Mexique côté ouest. Les sardines, mais aussi des maquereaux dans le cas de la « course » mexicaine, arrivent par millions aux alentours de Bahia Magdalena, une baie de la côte pacifique de la presqu’île de Basse Californie. Cette gigantesque formation donne naissance au phénomène que l’on appelle « La Course des Sardines » ou en anglais le « Sardine Run ». D’ailleurs, saviez-vous que les courants qui remontent du sud de l’Atlantique ne transportent pas seulement des poissons ?  Ils sont également chargés en petites crevettes dans leurs parties inférieures, permettant ainsi aux animaux marins de plus petite taille de se nourrir abondamment eux aussi. 

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A propos de l’origine du Sardine Run, tout le monde connait le phénomène mais personne ne sait vraiment comment et pourquoi il se produit. Ce que l’on sait, c’est que la saison hivernale est le point de départ de la grande migration, quand les vents venant d’Amérique du Sud poussent les eaux chaudes de surface vers le large. La colonne de sardines va alors s’engouffrer dans le sillage de ces eaux, se faire et se défaire, s’étirer, se regrouper, se diviser sans jamais interrompre sa progression vers le nord, et ce pendant des milliers de kilomètres, à cadence de 30km parcourus chaque journée, jusqu’à ce qu’elles soient piégées dans la baie de Magdalena.  

Contrairement au phénomène sud-africain qui permet de profiter du spectacle aérien hallucinant des fous du Cap plongeant dans l’océan ou encore de l’organisation sociale plus qu’époustouflante des dauphins communs, le Sardine Run mexicain est quant à lui axé plus spécifiquement autour de deux espèces vedettes : l’espadon et le poisson voilier ! 

Ces derniers agissent dans les eaux du Pacifique mexicain en bancs durant plusieurs jours de chasse ! Repérer les bancs de sardines qui font l’objet d’une traque par les espadons n’est pas chose aisée (dans le cas du voilier, il s’agit du poisson le plus rapide au monde !). Pour cela, lors de votre sortie en mer, votre guide vous emmènera à environ 20 milles nautiques de la côte, à la recherche de la frégate, un oiseau particulièrement friand des sardines et qui manifestera donc dans les airs ce qui se trame sous l’eau ! La frégate vit souvent en groupe mais elle ne sait pas plonger, elle doit ainsi rester en vol et en suspension à la surface de l’eau, ce qui la rend facilement observable depuis un bateau.

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Une fois le banc d’espadons voiliers trouvé, vous pourrez les observer traquer sans relâche les bancs de sardines qui, face à l’attaque rapide et très organisée des voiliers, ont peu de chance de survivre. Les voiliers opèrent en groupe suivant une technique très élaborée. Comme les dauphins en Afrique du Sud, ils regroupent le banc de sardines en boule et tournent sans relâche autour afin de les prendre définitivement au piège. Les prédateurs se servent de leur immense rostre pour barrer la route aux petits poissons, les assommer et les avaler un à un tout en prenant soin de bien les mastiquer afin de se débarrasser du maximum d’écailles. Un spectacle de la nature qui peut paraître cruel mais qui offre pourtant une sacrée expérience visuelle à qui prend le temps de l’observer. 

En ce qui concerne cette rencontre, nous vous donnons quelques détails supplémentaires : Les marlins que vous observerez seront avant tout de l’espèce dite Marlin rayé ! Ce dernier fait partie de la famille des makaires, des poissons présents dans toutes les mers tropicales et subtropicales de la planète. Comme tous ses cousins, le marlin rayé est avant tout caractérisé par sa taille effilée et un rostre long et fin (cependant moins long que celui des espadons que vous pourrez également observer sur place) mais aussi pour sa rapidité et sa taille. Les spécimens observés durant le Sardine Run restent dans une proportion respectable mais certains grands individus observés plus loin au large enregistrent une taille de 3 mètres (rostre inclus) ! 

En supplément de son impressionnant rostre, le marlin est également doté d’une nageoire dorsale aux teintes bleutées, lui donnant ainsi l’aspect d’une voile. En période de « repos » il n’est pas rare de la voir émerger de l’océan, le marlin étant un grand amoureux de la surface. Enfin, le corps du poisson est de bleu sur le dos et gris argenté avec des stries verticales sur les flancs. Il est intéressant d’observer ses changements de robe dès lors que le marlin entre en chasse : il devient alors quasiment noir !

Pour vous éclairer plus efficacement sur les comportements de chasse, Steven Surina, fondateur de la célèbre Shark Education partagera avec vous toute son expertise quant aux comportements animaliers qu’il a eu la chance d’observer à travers le monde. Il sera votre compagnon de voyage durant toute aventure.  Il a eu la chance de faire un repérage des lieux en amont et sera un guide précieux pour vous faire découvrir les secrets et mystères de cette destination hautement confidentielle et réservée aux initiées. Qui pourrait croire qu’un tel spectacle vous attende à quelques encablures de ce petit port de pêcheurs… ? 

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Au premier coup d’œil, les requins ont une technique de chasse tout à fait différente des espadons : lente, presque paisible. Rusés, les squales ont tendance à attendre que les sardines se trouvent en eau peu profonde pour passer à l’attaque et s’économiser les forces de remonter les sardines à la surface. Steven vous présentera plus particulièrement le requin soyeux qui évolue en nombre assez considérable autour de Bahia Magdalena. Cette espèce de grande taille (jusqu’à 2m50), à la peau lisse comme son nom l’indique, est un prédateur pélagique. Il n’est ainsi pas souvent confronté à des proies et a ainsi développé une vitesse d’attaque impressionnante afin de capturer les rares proies qui croisent son chemin. Il offre donc un spectacle dynamique en comparaison des autres squales présents sur place. Les requins qui font le déplacement emmagasinent facilement des mois de nourriture en seulement quelques jours.

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Le voyage des sardines s’achève un peu plus loin au large d’Isla Santa Margarita, à la hauteur des murs d’eau chaude qui leur barreront la route et leur imposeront d’effectuer un demi-tour. Une question subsiste : Pourquoi ? Pourquoi ont-elles entrepris ce voyage ? En observant leur migration de bout en bout, il n’y a pas beaucoup d’éléments ou d’actions qui semblent justifier pour ces milliers d’individus ces semaines d’errance. A aucun moment de leur migration elles n’accèdent à un quelconque surplus de nourriture, aucune activité particulière de reproduction n’est liée à ce périlleux voyage sachant que les alevins naissent tout au long du chemin. 

De mémoire d’homme, le Sardine Run a toujours eu lieu et nous ne saisissons toujours pas à l’heure actuelle les explications logiques du phénomène qui pourraient démontrer un avantage pour les sardines d’entreprendre ce dangereux voyage à travers plusieurs zones du monde. Sans doute s’agit-il tout simplement d’un comportement relique, transmis à l’espèce par des générations et des générations de sardines sur plusieurs siècles. L’histoire du Sardine Run est peut-être l’histoire d’une nature généreuse, qui saurait organiser le partage. Est-il possible alors d’imaginer qu’une partie de ce banc gigantesque mette une partie de sa chair à la disposition de la survie d’autres espèces ?

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Une chose est certaine, assister au Sardine Run est une expérience tout à fait exceptionnelle qui en met plein les yeux à quiconque l’admirerait. Ce séjour, en compagnie de Steven Surina oscillera entre confort simple et effets majestueux de ces ballets incessants de prédateurs. Une expérience qui vous transforme en témoin privilégié d’une manifestation naturelle peu commune et peu observée, d’une nouvelle lecture du monde qui nous entoure. Rendez-vous du 30 octobre au 11 novembre 2021 pour cette aventure exceptionnelle.