Les 5 habitants indispensables aux récifs coralliens

Vous n’êtes pas sans savoir que le récif corallien a besoin de plusieurs espèces pour être maintenu en bonne santé. En tant que super écosystème vivant, le récif est composé d’une certaine hiérarchie de sa population.

Publié le 24/06/2022

On ne les cite pas suffisamment et pourtant, certaines espèces sont particulièrement essentielles pour maintenir un bon équilibre, que ce soit sur le récif ou encore sur les zones côtières, les tombants ou même sur les lits de sable. Ces espèces, lesquelles sont-elles et quelles sont leurs tâches respectives ? On vous en dit plus ci-dessous, dans notre article dédié aux petites créatures détritivores.

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On trouve principalement les récifs coralliens dans les eaux chaudes, ensoleillées, et peu profondes. Ils abritent des centaines d’espèces animales et végétales qui y vivent en symbiose. Cette symbiose revient à dire qu’ils se complètent mutuellement et forment un tout harmonieux. Ce lieu de vie repose sur un écosystème et sa préservation est très importante pour la biodiversité marine (mais aussi pour la population locale qui, pour de nombreuses destinations, vit principalement des ressources maritimes). Pourquoi la santé de ces systèmes sous-marins est-elle si importante et représente un réel enjeu ?  Et bien les récifs forment des structures sous-marines qui protègent les régions côtières en brisant les vagues et en fournissant une barrière naturelle contre les aléas climatiques. Cette protection est essentielle pour plusieurs raisons et il est crucial que le récif bénéficie d’une protection accrue, que ce soit par l’humain ou par la préservation des espèces qui participent à son maintien.

Les barrières de corail sont présentes dans le monde entier. La plus grande se localisant en Australie, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Vous pouvez également découvrir d’autres grandes barrières aux Caraïbes ou encore Asie du Sud-Est, notamment au Sud de la Thaïlande ou en Indonésie. Toutes ont une particularité en commun : elles hébergent une petite faune spécialisée dans la propreté. Celle-ci veille à ce que les restes de nourriture et toute autre source de pollution soit rapidement éradiquée pour une faune et une flore en pleine santé. 
Parlons à présent de 5 espèces qui jouent un rôle essentiel au sein du récif (mais pas que !) et que vous avez sans doute observé durant l’une de vos plongées ou même lors d’une activité snorkeling.

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1) Le Bernard l’Hermite, le couteau suisse

Commençons tout d’abord avec la célébrité des crustacés à coquille : le Bernard l’Hermite. Il se distingue par sa morphologie similaire à celle d’un crabe, ainsi que ses 5 paires de pattes, dont celle de devant est équipée de pinces aux extrémités. Saviez-vous que la pince droite est généralement plus grande que la pince gauche ? Incroyable ! Ainsi, ces espèces peuvent plus facilement se protéger en utilisant cette petite arme, pour autant quasiment inoffensive face à de grands prédateurs.

L’abdomen du Bernard l’Hermite est mou, et doit par conséquent être protégé des dits prédateurs. Ils peuvent compter sur leurs coquilles, qu’ils changent d’ailleurs plusieurs fois au cours de leur vie car leur abdomen ne cesse de grandir. Ainsi, il doit trouver régulièrement un nouveau domicile. Fun fact : au lieu d’en chercher une nouvelle et se débarrasser de l’ancienne n’importe où, certaines espèces se rassemblent et procèdent à un échange de coquilles !  Ainsi au cours de leur vie, ils peuvent effectuer jusqu’à 3 ou 4 trocs de coquilles !

On appelle également le Bernard l’Hermite « le couteau-suisse » des fonds marins. C’est un crustacé omnivore, et souvent détritivore, car celui-ci se nourrit notamment de cadavres d’animaux ou de matières en décomposition. Il participe ainsi à la bonne santé des récifs en évitant que des maladies puissent se propager, une action des plus importantes pour ses voisins et également favorable aux coraux.

Vous pourrez trouver ces espèces dans quasiment tous les océans et mers du globe, que ce soit en étant immergée ou bien même sur les rochers au bord.

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2) Les crevettes – zoom sur la crevette arlequin

Place à une espèce plus particulière : la crevette arlequin, qui appartient à la famille des décapodes. Cette petite crevette de quelques centimètres, très colorée, est présente majoritairement dans les courants chauds et tropicaux, notamment dans les récifs coralliens de la Birmanie et dans quelques spots d’Asie du Sud-Est. De par sa coloration exceptionnelle, il s’agit sans doute de la crevette la plus réputée dans le monde de la plongée et elle fait aussi le bonheur des photographes macro.

Ces crevettes se distinguent très facilement des autres par leur forme unique, avec leurs très grandes pinces plates mais aussi par leur très petite taille et leur cambrure assez impressionnante. Les crevettes arlequins peuvent également jouer de leurs couleurs en fonction de leur humeur, du bleu au rose, plutôt amusant non ? 

Si nous avons choisi de vous parler de la crevette arlequin, ce n’est pas pour rien. En effet, celle-ci a développé au fil des années une spécialisation alimentaire particulière et Ô combien précieuse : la prédation de l’étoile de mer qui menace aujourd’hui de nombreux récifs coralliens ; « la couronne d’épine ». Pour cela, elle attaque en groupe ces géantes destructrices et permet de lutter à son échelle contre la propagation de cette étoile de la mort. Cette petite contribution, en plus de son rôle de détritivore à part entière, fait qu’elle mérite tout à fait sa place dans notre classement. Il a même été envisagé de l’introduire dans des zones où elle n’est pas présente naturellement pour lutter contre ce fléau. Malheureusement, sa reproduction étant difficile hors milieu naturel, il est compliqué d’envisager cette solution sur le court terme. Affaire à suivre...

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3) Les étoiles de mer et ophiures

Passons maintenant à l’iconique étoile de mer ! On vous rassure, toutes les étoiles de mer ne sont pas néfastes à la santé du récif corallien. De façon générale, l’étoile de mer peut pondre jusqu’à 60 millions d’œufs par saison, néanmoins, le taux de survie des larves est très faible, bien moins d’1% ! Ce sont des animaux très colorés aux teintes éclatantes qui ont tendance à nous impressionner par leur colorimétrie très étendue. 

Il existe plus de 1 000 espèces d’étoiles de mer. Parmi elles, l’étoile de mer bleue ! Vous pouvez l’observer dans son milieu naturel dans les régions tropicales, notamment dans les récifs coralliens de l’océan Indien et l’Indopacifique. 

Comme son cousin, le Bernard l’Hermite, l’étoile de mer bleue est détritivore, elle apporte donc une grande aide à l’entretien de la bonne santé des récifs coralliens. En effet, elle se nourrit des restes des repas des autres habitants et se déplace sur les coraux grâce à ses centaines de pieds placés sous ses « bras ». Étant immunisée contre le système de défense des coraux, elle peut évoluer sur le récif sans endommager les coraux, qu’ils soient durs ou mous. 

L’ophiure, un animal marin très proche des étoiles de mer, a une grande particularité : il peut voir sans réellement posséder d’yeux. Comment fonctionnent ses « yeux » ? Et bien au travers un changement de couleur via des pigments qui lui permettent de passer du rouge vif au gris pale. Il voit donc par son changement de robe, induit par les réfractions de la lumière sur ses pigments. Impressionnant, non !?

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4) Les oursins

Comment dresser la liste des habitants indispensables aux récifs sans mentionner la très grande famille des oursins ? 

En effet, ils jouent un rôle essentiel dans la biodiversité des récifs coralliens. L’espèce est capitale pour la santé du milieu marin, mais pour quelles raisons ? 

Eh bien, les « hérissons de mer » maintiennent l’équilibre entre les coraux et les algues. Ils fournissent un espace de peuplement pour les coraux et permettent la régulation des communautés algales, et servent de nourriture à certaines espèces, telles que les daurades. 

De plus, l’oursin peut s’adapter à plusieurs climats et de variations environnementales de manière générale. Régions tropicales, régions glacières, courants chauds, froids, à forte salinité ou non, rien n’est un problème pour ces espèces. C’est pour cela qu’ils possèdent une certaine facilité d'adaptation face aux conséquences du réchauffement climatique. Due à cette adaptation des plus rares, il est évident que les oursins de mer constituent une espèce essentielle à la préservation de la biodiversité marine et des récifs coralliens, malheureusement exposés aux changements climatiques que nous connaissons tous.

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5) Les escargots – les nudibranches

On vous a parlé des espèces confidentielles du récif, mais on ne vous a pas encore parlé de celle qui nous fascine le plus. Il existe de nombreuses espèces d’escargot de mer, tels que les fameux bulots, ou encore le bigorneau. Cependant, une catégorie d’espèces attire l’œil des plongeurs à travers le monde : les nudibranches. Cousin éloigné de l’escargot, le nudibranche fait partie de la famille des gastéropodes dépourvu de coquille.

Avez-vous déjà entendu parler de cette curieuse créature ? Il s’agit en réalité d’une limace de mer ! Il existe plus de 3 000 espèces répertoriées de nudibranches, avec des centaines de motifs différents, et surtout, de toutes les couleurs inimaginables, passant du bleu vif au jaune moutarde. Leur taille aussi varie grandement, d’à peine 1cm pour certaines jusqu’à 60cm pour la « danseuse espagnole ».

Doridiens, Dendronotiens, Arminiens, Aeoliens, les espèces sont très diverses. Leurs couleurs atypiques sont un véritable bonheur pour les photographes macro et les amateurs de plongée.  Néanmoins, malgré des couleurs flamboyantes et une grande originalité au niveau de leurs formes, leur durée de vie est généralement très courte, la plupart du temps seulement quelques semaines, même si certaines de bonne taille peuvent vivre jusqu’à une année entière ! 

Comme les limaces terrestres, les nudibranches sont très lents. Alors pour optimiser le temps et leur reproduction, ils sont hermaphrodites, signifiant qu’ils possèdent un appareil reproducteur capable de se reproduire avec les deux sexes. Ainsi, ils peuvent se reproduire par parthénogénèse, c'est-à-dire qu’un œuf se développera sans accouplement. 

Au niveau de leur observation, on peut facilement croiser des nudibranches à faible profondeur, autant dans la mer Méditerranée que dans les courants chauds de l’Indonésie, même si ces espèces ont un penchant pour les mers tropicales on ne va pas se le cacher. En réalité, leur localisation dépend de la présence de leurs proies. A leur tour, les nudibranches jouent un rôle essentiel dans le bien-être des écosystèmes marins. Tout comme les oursins, ils se nourrissent principalement d’algues, et empêchent ainsi les « mauvais » végétaux aquatiques de proliférer, et donc, de nuire aux autres espèces aux environs. 

Terminons par un fun fact sur le nudibranche : certaines espèces sont dites toxiques. Cependant, un nudibranche ne nait pas toxique au stade larvaire. Il s’agit là d’un système de défense qu’il développe en fonction de la nourriture qu’il ingurgite. N’étant pas sensible aux toxines, il a alors la faculté de s’en nourrir pour transmettre la toxicité à sa chair et ainsi, dissuader de potentiels prédateurs. 

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Vous l’aurez bien compris amis plongeurs, nos écosystèmes et nos récifs ont besoin de toutes ces espèces pour s’assurer une bonne santé sur le long-terme. Ces habitants aux riches couleurs et évoluant dans les méandres du récif ne cessent de nous impressionner à chaque observation dans leur habitat naturel. Où que vous alliez dans vos expéditions plongée, vous êtes certains de pouvoir observer une ou plusieurs espèces que nous venons de vous présenter. Cette grande famille de « nettoyeurs » est à protéger et à chérir car elle joue un rôle crucial dans la bonne santé du récif et donc sur ses habitants : poissons, coraux, mais aussi pélagiques et, à plus grand échelle, sur l’humain. Pour que notre passion puisse vivre longtemps, protégeons-la.

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