L’excentricité des océans

Allez, évadez-vous avec Subocea durant cette période de confinement ! C’est plus que jamais le moment de voyager à travers les récits et les belles photos sous-marines vous ne croyez pas ?

Publié le 27/03/2020

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre des créatures sous-marines les plus surprenantes. La plongée, qu’elle soit en bouteille ou en snorkeling, offre toujours de curieuses surprises ! Les océans abritent des créatures toutes plus surprenantes les unes que les autres.

Cependant, certains de leurs habitants ont une forme tellement hors du commun qu’ils méritent bien une place dans notre article. Allez, on commence par l’espèce N°1.

Le poisson…

Ceci n’est pas un pinceau mais une nageoire caudale, et ceci n’est pas une pince non, il s’agit d’une bouche qui peut se propulser, on l’appellera « protractile », c’est-à-dire qu’elle peut se propulser en avant pour attraper de petits poissons et des crustacés. Vous avez deviné de quelle espèce il s’agit … ? Et là, ce museau il vous fait penser à quoi ? Tout long et tout fin, on dirait bien qu’il pourrait même jouer de la musique ! 
Bingo, c’est bien lui, l’étrange poisson trompette ! Mer chaude ou mer froide, ils sont présents quasiment partout et se parent de différentes couleurs selon leurs aires de répartitions géographiques. De splendides spécimens des mers chaudes sont habillés de belles couleurs jaune citron, tandis qu’au Cap-Vert, par exemple, des individus de couleur grisâtre s’amoncellent au-dessus des formations coralliennes. Pour chasser, ils ont plusieurs techniques, soit ils restent à l’affut sans bouger et attendent que personne ne les remarque, soit ils restent à la verticale, semblables à des algues ou gorgones et se laissent dériver jusqu’à happer leur prochaine proie. Il arrive aussi que les spécimens les plus « flashy » se déplacent tout près d’un autre poisson pour se dissimuler, comme le diodon dont nous parlerons plus tard, pour bondir faille après faille mais toujours aux côtés de son hôte pour chasser de petites proies.

Le Diodon 

Voici un poisson charmant aux airs comiques qui cache bien son jeu et que l’on retrouve quasiment dans tous les océans tropicaux, subtropicaux mais aussi en eau douce !

Le diodon, aussi appelé poisson globe, poisson ballon et pour certains représentants, le porc-épic, est une boule de poison mortelle qui peuple de nombreuses eaux cristallines. Se cachant sous la surface, cette petite terreur des océans peut répandre un poison 1200 fois plus fort que le cyanure ! Cet aspect hautement « high danger » vient nettement trancher avec l’image rigolote que l’on se fait de leur allure inoffensive tandis qu’on les observe flâner tout au fond de l’océan et autour des récifs coralliens en quête de petits invertébrés et d’algues.

On ne dénombre pas moins de 120 espèces de diodons dans le monde entier ! Tous ont des couleurs, des formes et des tailles différentes (de 2 cm à 1m) ainsi qu’une charge en quantité de toxines variée. On notera que tous les poissons globes sont dépourvus d’écailles et qu’ils possèdent une peau recouverte d’épines acérées. Nageant lentement et de façon maladroite, ils semblent la cible facile pour un prédateur affamé mais il s’avère qu’ils peuvent rapidement se transformer en douloureuse bouchée !

En effet, grâce à son estomac élastique, il peut ingurgiter rapidement une énorme quantité d’eau et mesurer ainsi plusieurs fois sa taille normale, difficilement digeste, non ? Si cela ne suffit pas à sa libération, le poisson procédera à la décharge de sa toxine TTX… qui agira sur le système nerveux et entrainera la paralysie des muscles volontaires du prédateur/victime !

Le platax

Ici, nous vous parlons d’un poisson que tout plongeur a dû croiser au moins une fois lors de ses escapades sous-marines ! Le platax, aussi connu sous le nom de poisson chauve-souris, peut facilement atteindre les 60 cm de diamètre et est aisément reconnaissable avec son corps gris argenté, son œil traversé d’une rayure verticale noire et ses nageoires plus ou moins jaunes. C’est un poisson que l’on retrouve en bon nombre dans tous les océans tropicaux du globe et ce, un peu dans tous les biotopes, que ce soit en pleine eau, sur les récifs coralliens ou même au creux des épaves. Cependant, nous allons nous intéresser plus particulièrement aux formes juvéniles des platax. Saviez-vous qu’elles différent totalement des formes adultes ? 

Pour apercevoir des formes juvéniles du platax, rien de tel que de se rendre au niveau des eaux peu profondes mais aussi dans les mangroves ou encore en eau saumâtre ! Avec leurs allures de feuilles mortes aux dégradés marron, ils se posent souvent sur le côté en jonchant les tapis de sable fin et se laissent transporter par les courants marins afin de s’assimiler tant que possible à des débris végétaux ! Cette haute pratique du mimétisme leur permet de passer incognito aux yeux des prédateurs et ce durant de longs mois. 

On remarquera que de nombreux juvéniles atteignent des tailles considérables, jusqu’à 30 cm avant d’entamer leur transformation en subadulte qui sera un parfait mélange de la forme adulte avec des nageoires longues et sombres. Pour info et pour les plus curieux, certaines espèces de platax comme le platax pinnatus offrent des formes juvéniles encore plus surprenantes, comme l’individu ci-dessous au corps noir profond cerné d’une bande orange lui donnant des airs de chauve-souris.

Le poisson vache à longues cornes 

Voici un représentant emblématique des poissons coffres et qui partage des similarités avec les poissons globes dont nous avons parlé précédemment (puisqu’ils possèdent eux aussi la fameuse toxine TTX !). Sa particularité est que son corps est composé tel un véritable coffre, d’où son nom, lui permettant ainsi que bénéficier d’une protection maximale face aux prédateurs. En vérité, cette morphologie semblable à un tank est due à ses écailles soudées en plaques osseuses hexagonales qui forment un véritable exosquelette. Les seules parties de son corps qui permettent un minimum de mouvance sont ses nageoires ! Cet attribut en fait encore un poisson particulièrement curieux à observer durant la nage. Le poisson vache est également reconnaissable avec ses deux grandes excroissances frontales dirigées vers l’avant, lui donnant l’aspect d’un bovidé des mers. 

Bon nombre de poissons coffres vivent sur les fonds sablonneux des récifs coralliens et également sur les prairies d’algues où ils peuvent facilement se nourrir de vers et de petits crustacés. Ce qui est particulièrement marquant chez ces espèces, c’est la mutation de couleur qui opère entre le stade juvénile et l’âge adulte. Ainsi, les juvéniles se parent de couleurs vives et chatoyantes, tandis que les individus de taille plus importante ont tendance à virer sur des teintes plus sombres mais toujours parsemées de motifs colorés.

Aussi, saviez-vous que tous les poissons coffres naissent femelle et qu’ils changent de sexe au plus qu’ils prennent de l’âge ? C’est ce que l’on appelle le phénomène d’hermaphrodisme successif !

Le poisson rasoir 

Voici une espèce des plus curieuses et fascinantes ! Contrairement aux poissons listés précédemment, le poisson rasoir vous demandera plus d’efforts pour être déniché et il vous faudra ouvrir l’œil pour le distinguer au cœur du récif corallien. De nature grégaire, il évolue très généralement en groupe allant d’une dizaine à une centaine d’individus ! Ce qui est remarquable chez le poisson rasoir, c’est à quel point son corps, fait lui aussi de plaques osseuses, peut être comprimé latéralement et tout en longueur. Cependant, cet aspect étiré ne lui confère qu’une taille relativement réduite, de 12 cm maximum, qui lui permet ainsi d’utiliser ce petit gabarit pour trouver une protection au sein de refuges naturels. Ainsi, à la moindre alerte, le groupe regagne en vitesse le corail dur, la gorgone ou encore l’oursin le plus proche ! D’ailleurs, il n’est pas rare d’observer le poisson rasoir évoluant au sein des longues épines de l’oursin diadème et ce, sans qu’il y ait pour autant un véritable danger environnant. Disons que les poissons développent rapidement une relation symbiotique avec l’oursin qui leur offre toute la protection nécessaire.

Autre singularité du poisson rasoir : Il passe sa vie entière la tête en bas, même lors de ses déplacements et ne se « redresse » que dans les moments de fuite. Contrairement aux autres poissons de notre liste, le poisson rasoir ne se rencontre pas en mer Rouge…

Le Glass Fish 

On termine cette liste des espèces de récifs remarquables avec le Glass Fish. Derrière cet anglicisme se cache le poisson hachette jaune aussi appelé poisson de verre, que l’on retrouve uniquement en mer Rouge et nulle part ailleurs, une espèce endémique donc ! Ce poisson vit toujours en gigantesques bancs que l’on rencontre aux abords des grottes et des cavités sombres, et ce même à faible profondeur. Le Glass Fish vit donc reclus la journée et sort de sa cachette une fois la nuit tombée, à ce moment-là il se déplace en groupe au sein des nuages de zooplanctons et regagnent leurs cachettes une fois rassasiés !

Ce qui est frappant chez ce poisson, c’est la transparence quasi-totale de son corps qui laisse entrevoir son système digestif ainsi que son arrête principale, de plus l’aspect métallisé de ses écailles lui donne l’impression de refléter la lumière du soleil (les rares fois où il s’y expose) mais surtout la lumière utilisée par les plongeurs pour éclairer les recoins sombres des cavités !

Alors, ce petit tour d’horizon que nous venons de faire des quelques poissons tropicaux aux formes excentriques et hors du commun vous a-t-il plu ? Nous espérons vous avoir divertit pendant quelques minutes et que vous ressortirez de cette lecture avec de nouvelles connaissances sous-marines et que vous pourrez impressionner vos proches avec ces petites anecdotes.

Soyons encore patients quelques temps avant de retrouver le chemin de l’océan, en attendant prenez soin de vous et de vos proches.

L’équipe Subocea.