Quand le baliste à queue blanche fait son nid

Vincent Maran nous fait découvrir les secrets du poisson baliste

Publié le 14/04/2020

Vincent MARAN aime partager sa passion pour le comportement des animaux marins, notamment les poissons, avec les personnes qu’il accompagne en plongée.
A force d’observer les poissons, il commence à avoir un certain nombre d’anecdotes drôles ou étonnantes à partager… 

 

Souffler n’est pas jouer !

Mon dernier séjour en « daily » à Safaga était un peu ancien… J’ai une certaine préférence pour les croisières, mais j’ai eu l’occasion de remarquer que la plongée dans les alentours de ce port égyptien présentait des particularités que l’on ne retrouve pas toujours au large. Par ailleurs, c’est une formule qui correspond bien à ceux qui souhaitent pouvoir profiter des avantages de la vie « à terre » à partir du moment où on a trouvé un logement à sa convenance.

Peu après le début de ma première plongée à proximité de Safaga nous nous promenons d’une petite patate de corail à une autre sur un fond de sable détritique. Le guide Momo, très apprécié par les plongeurs qui ont embarqué sur le Ramadan 2 de Dune nous a fait un briefing très précis. Il connaît chaque patate de corail et sait où trouver certains de ses habitants les plus appréciés.

Baliste à queue blanche à la verticale à Safaga en Egypte

Au début de ma plongée, je remarque devant moi un baliste à queue blanche (Sufflamen albicaudatus), en position presque verticale, tête en bas, « soufflant » sur le sable. Souffler est le verbe qui vient à l’esprit en premier, mais en réalité il s’agit bien sûr d’eau que le poisson expulse par la bouche ! Ce comportement est fréquent chez les balistes qui cherchent ainsi à mettre à découvert des proies éventuelles cachées dans le sable. Mais non, ici, je me rends compte qu’il ne mange rien, et je le vois partir un peu plus loin picorer sur bloc rocheux. Il revient ensuite à l’endroit même où je l’ai vu souffler sur le sable et recommence son manège. Je remarque alors que le sable ne se soulève pas, et qu’il fait cela avec délicatesse. Il repart ailleurs picorer avec vraiment l’attitude d’un poisson qui se nourrit avant de revenir une nouvelle fois à l’endroit initial pour souffler doucement sur le sable. Je commence à avoir mon idée sur le sujet et je multiplie les photos. Alors qu’il repart un peu plus loin, je m’approche de la petite zone sableuse où revient régulièrement le baliste et je l’observe de près.

Nid d'un baliste à queue blanche

Cette zone sableuse d’une quinzaine de centimètres d’envergure est comprise entre des petits blocs de débris coralliens. Le relief de ce sable n’est pas plat. On a l’impression qu’il a été mélangé à la main avec de la colle à papier peint car sa surface est mamelonnée. Parce que j’ai eu l’occasion de voir ceci chez d’autres balistes, mon observation rapprochée confirme mon intuition. Pour la première fois, j’ai donc eu l’occasion de voir le nid d’un baliste à queue blanche. En effet, au moment de sa ponte, ce poisson mélange ses œufs avec du sable et ce mélange est tenu ensemble par un mucus épais. Simultanément, je viens de voir, et de partager avec mes compagnons de plongée, les soins que ce baliste prodigue à son nid, ce qui a déjà rendu ce début de plongée particulièrement intéressant !

 

Savez-vous qu’il existe également des balistes sur nos côtes ? 
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