Cinq espèces qui cachent bien leur jeu

Les espèces sous-marines sont souvent fascinantes par leur apparence mais aussi et surtout par leurs caractéristiques comportementales.

Publié le 05/09/2022

Certaines espèces sont trompeuses et paraissent inoffensives, ou au contraire bien inquiétantes, alors qu’il n’en est rien en réalité. Pour ne plus se faire avoir et être expert à propos de toutes les espèces marines que vous pourriez être amenés à rencontrer en plongée, découvrons ensemble cinq espèces qui cachent leur jeu à la perfection.

Poisson-trompette-plongee

On nous dit souvent de se méfier des apparences. Les plus jolies espèces sont souvent celles dont il faut se « méfier » ou du moins qui possèdent des attributs impressionnants. C’est par exemple le cas du beau poisson-coffre bleuet ci-dessous. 

Plonger-avec-poisson-coffre

1 / Le poisson-coffre

Commençons cette rencontre par un poisson au nom aussi original que sa forme : le poisson-coffre. Il ressemble à une « boîte » rectangulaire et ne possède pas d’écailles. En effet, ces dernières sont remplacées par des plaques rigides créant ainsi une carapace massive (il s’agit en réalité d’écailles ayant fusionné). Cette protection empêche son corps d’onduler gracieusement MAIS le poison-coffre est capable de nager en stationnaire, en arrière et même d’opérer un demi-tour, une vraie prouesse ! Ses écailles consolidées sont d’autant plus étonnantes lorsqu’on en apprécie les couleurs rayonnantes. D’un jaune éclatant parsemé de points noirs pour tous les nouveaux nés, d’un jaune moutarde avec des taches blanches pour toutes les femelles et d’un bleu entouré de points noirs caractéristiques pour les mâles, les poissons-coffres sont majestueux et paraissent inoffensifs. 

En réalité ils le sont, mais ils cachent une défense bien spécifique O combien efficace ! La peau de ces poissons sécrète, lorsqu’ils sont stressés bien évidemment, un mucus très toxique : l’ostracitoxine. Cette toxine est très dangereuse pour leurs prédateurs et même pour eux-mêmes car, oui, ils ne sont pas aptes à se défendre de leur propre poison. Rassurez-vous, le poisson-coffre n’est pas dangereux pour l’Homme, vous pourrez l’approcher sans risque par-dessus le récif. En effet, il vit près des lagons, des prairies d’algues et des crevasses, différents endroits où les algues, crustacés, mollusques ou encore éponges prolifèrent. Vous pouvez donc les admirer lors d’une plongée dans la mer Rouge, au large des Îles d’Hawaii, du Japon, de la Nouvelle-Zélande ainsi que l’océan Pacifique et les Caraïbes. 

anguille-jardiniere-plongee

2 / L’anguille jardinière 

Il est monnaie courante de dire que les anguilles sont quelque peu intimidantes. Avec une allure de serpent, il est commun d’imaginer que cette espèce puisse se montrer agressive pour défendre son territoire. C’est loin d’être le cas : l’anguille est un poisson serpentiforme totalement inoffensif. Les vingt-trois espèces d’anguilles jardinières, aussi appelées heterocongres le sont particulièrement.

Tout comme le poisson-coffre, l’anguille jardinière n’a pas d’écailles, décidemment ! A la place, son corps fin et cylindrique allant du beige au jaune orné de grandes tâches noires, est recouvert d’un mucus fluidifiant ses mouvements. L’anguille jardinière mesure en moyenne de 40 à 60 centimètres bien qu’à peu près la moitié de son corps soit réellement visible en plongée. Elle doit son nom au fait de vivre en communauté, en colonie même ! Parfois, des milliers d’anguilles jardinières se déplacent au même moment aux abords des fonds sablonneux, créant ainsi comme un jardin en mouvement constant. L’anguille jardinière vit en grand groupe à proximité des récifs et des côtes jusqu’à 300 mètres de profondeur, dans les eaux chaudes et à fort courant (pour capter le maximum de petites proies) de l’océan Atlantique, de l’océan Indien ou bien encore de la mer Rouge. Cette anguille particulièrement sociable est en réalité très peureuse et n’hésite pas, à la moindre occasion, à se réfugier au fond de l’eau. L’anguille jardinière vit jusqu’à 40 ans, blottie au fond d’un terrier vertical creusé dans le sable à l’aide de sa queue, le mucus de sa peau permettant de solidifier les parois de son habitat. En cas de danger, tout comme l’arrivée trop rapide d’un plongeur... un repli intégral au fond du sable est opéré pour se protéger. Les rares moments où l’anguille sort intégralement de son trou pour se déplacer est lors de la reproduction... en voilà une motivation ! 

Chasse-poisson-trompette

3 / Le poisson trompette

Ce nom bien particulier de poisson trompette ne lui est pas donné par hasard ! Facilement reconnaissable grâce à son corps argenté (ou coloré pour les régions tropicales), allant jusqu’à 75 centimètres, un museau élancé et une queue épaisse et colorée, le poissons trompette dispose de deux nageoires dorsales et de petites nageoires pelviennes, lui donnant ainsi une allure et une nage bien particulière. Sa nageoire caudale évolue au fil du temps et devient foncée et recouverte de rayures et tâches bleues chez les adultes. Le mignon poisson trompette, à la forme fantaisiste, est capable de changer de couleur en fonction de son environnement ce qui lui permet d’être un prédateur redoutable, spécialiste du camouflage et de la chasse. Vivant majoritairement en solitaire (mais aussi plus rarement en groupe comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus), le poisson trompette repère ses petites proies en s’immobilisant la tête en bas, prêt à bondir et à tendre une embuscade. Il est relativement commun d’apercevoir le poisson trompette caché au milieu de bancs de poissons – souvent auprès des grands poissons comme les poissons-perroquets ou certains gros labres. Cette cohabitation lui permet avant tout de se déplacer au plus près de ce voisin, généralement herbivore, pour foncer sur les petits poissons qui ne l’auraient pas aperçu. Plutôt ingénieux !

Cette espèce vit dans les eaux tropicales et subtropicales peu profondes, allant de 3 à 25 mètres de profondeur dans des zones rocheuses ou les récifs comme l’Est de l’océan Atlantique, spécifiquement du Maroc au Sénégal en passant par les îles Canaries, Madère ou bien encore les îles du Cap Vert

Le poisson trompette est donc bien trompeur et cache des capacités de chasse très développées derrière son apparence et son nom fort mignons. 

Poisson-chirurgien-bleu

4 / Le poisson chirurgien

Tout le monde visualise ce magnifique petit poisson, d’environ 20 centimètres, aux mille vives teintes de bleu ? Eh bien ce représentant des poissons chirurgiens, tout comme le reste de sa famille, fait partie d’une des 84 espèces de poissons chirurgiens existantes, incluant également les poissons-licornes (ou nasons). Cette famille est particulièrement amatrice d’eaux chaudes à forts courants, de profondeur allant jusqu’à 40 mètres mais aussi des récifs moins profonds à forte prolifération coralligène. Elle est donc présente dans une grande partie de la zone Indo-Pacifique, aux alentours de la grande barrière de corail mais aussi dans quasiment toutes les zones subtropicales, comme le Cap-Vert ainsi que dans quelques zones saumâtres, comme les mangroves. En plongée, Il est aisé d’observer le comportement des poissons chirurgiens qui passent la majorité de leur temps à arpenter les fonds marins pour attraper le plus d’algues possible. Cette espèce essentiellement herbivore se nourrit de façon quasi-continue !  

Les poissons chirurgiens cachent aux abords de leur nageoire caudale une arme bien redoutable : deux éperons tranchants, facilement visualisables car la plupart du temps d’une couleur blanche ou jaune sur un fond très coloré et contrasté. Ces deux scalpels présents sur chaque côté de la nageoire lui sont particulièrement utiles pour se défendre lors de combats entre mâles ou en simple cas de danger. Le poisson chirurgien a la capacité de dresser ses scalpels et ainsi se protéger d’une menace ! Il dispose également d’une glande de venin (pour certaines espèces uniquement comme le poisson chirurgien bleu) qu’il peut activer à tout moment, encore une fois dans le but de se protéger d’une quelconque menace. Amis plongeurs, pas de panique, le poisson chirurgien est particulièrement pacifique et n’occasionne aucun dommage lors des plongées. Il est tout simplement recommandé de ne pas le toucher, comme pour tout autre espèce marine d’ailleurs ;).

Plonger-avec-baliste

5 / Le baliste 

Le baliste fait partie de nos chouchous : ses caractéristiques sont si multiples qu’on ne cesse jamais de l’aborder dans nos articles ! Lui aussi fait partie des espèces taquines qui cachent bien leur jeu. Avant de détailler pourquoi, une petite présentation s’impose.

Le baliste est un poisson réputé pour sa forme particulière : un corps ovale aux dominantes grises mais aussi bleus, ponctué par des motifs aux mille couleurs avec des petits yeux très hauts sur sa tête, des nageoires pectorales courtes et transparentes et une longue nageoire caudale souvent en forme de lyre. Sa caractéristique physique majeure réside en ses deux épines érectiles ; l’une sur la nageoire dorsale, l’autre sous le ventre. L’épine dorsale permet de se protéger de ses ennemis car elle permet au poisson de se coincer entre deux pierres ou dans des failles. 
Le baliste est un poisson qui se nourrit de mollusques, de crustacés et d’oursins. Cette alimentation fait qu’il est doté d’un bec puissant, très puissant, lui permettant de briser les coquilles et carapaces de ses proies de prédilection. 

Le baliste peut devenir extrêmement territorial lors de la période de reproduction. Ce dernier construit des nids dans le sable et délimite un territoire de protection autour de ces derniers de façon à écarter au maximum les potentiels dangers. Si une présence trop intrusive s’établie dans son périmètre, le baliste la poursuit et peut la mordre jusqu’à ce que celle-ci quitte son territoire (plusieurs palmes de plongeurs s’en souviennent, vous pouvez nous croire !). Pendant 12 à 58 heures, les œufs pondus resteront dans le nid de la femelle avant de se faire emporter par les courants pour débuter le stade larvaire au plus près des zones pélagiques. Les balistes adultes restent donc auprès des nids à l’affut pendant cette courte période. Précisons tout de même que tous les balistes ne font pas preuve de la même ténacité en ce qui concerne leur attaque défensive. Si vous êtes plongeurs, vous avez sans doute en tête une espèce bien particulière : le baliste titan. Ce dernier, connu pour son caractère bien trempé, fait souvent l’objet d’une sensibilisation lors des plongées en période de reproduction. Il est alors fortement conseillé de l’éviter en fuyant de quelques mètres afin de ne pas se voir mordiller la combinaison, notamment la zone des jambes, ce qui est particulièrement douloureux quand on sait qu’il casse coquillages et crustacés avec sa dentition de compétition !

Attaque-baliste-titan

Les nombreuses espèces qui peuplent nos mers et océans sont fascinantes et ont des caractéristiques réellement surprenantes dès lors qu’on prend le temps d’étudier leur mode de vie, de défense ou de chasse. Souvent, l’habit ne fait pas le moine comme on dit. Finalement, chaque espèce évolue en se protégeant de ses ennemis tout en faisant preuve d’inventivité. Dame nature n’a pas fini de nous étonner ! Si cet article vous a plu, nous avons d’autres suggestions à vous proposer, retrouvez l’intégralité de nos articles juste ICI

Bonne lecture
 


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