Cinq familles de poissons de récifs

Rares sont les espèces marines à s’aventurer en pleine mer, la plupart des poissons vivent dans les splendides palais de corail qui constituent les récifs du monde entier.

Publié le 14/01/2021

Les cachettes ne manquent pas au sein des structures coralliennes. Les anfractuosités et plateaux dessinent un paysage unique où des centaines d’espèces se partagent un habitat équilibré et conçu pour leur apporter protection et alimentation. Que l’on soit plongeur ou tout simplement amateur de ces petites créatures à écailles, il n’est pas toujours facile d’identifier les espèces rencontrées ou encore d’avoir les éléments nécessaires pour savoir distinguer un poisson d’un autre. Subocea vous donne un coup de main dans votre exploration sous-marine et vous présente en détail les 5 grandes familles de poissons de récifs que vous pourriez rencontrer lors d’une plongée.

Bien entendu, vous retrouverez ci-dessous une liste non-exhaustive des familles de poissons de récifs qu’il est possible de rencontrer aux 4 coins du globe. Nous avons fait en sorte de privilégier dans la rédaction de cet article les principales familles de poissons qu’il est possible d’observer sous les tropiques mais aussi en zone subtropicale, tout en prenant soin de prendre en compte l’aspect plus quantitatif de chaque famille identifiée. Prêt.e pour faire le plein de connaissance sur les plus beaux poissons de récifs ? 

Les poissons anges

L’océan est bercé d’une vie éclatante de diversité, nous vous invitons à découvrir avec nous l’histoire d’un poisson et de sa métamorphose étonnante : le poisson ange empereur. Ce splendide poisson appartient à la grande famille des Pomacanthus, aussi appelés plus communément les poissons anges. Il fait partie des représentants de cette famille des plus volumineux, pouvant ainsi attendre plus de 40cm de long à l’âge adulte pour un âge pouvant aller jusqu’à 15 ans en milieu naturel. Les espèces les plus petites des Pomacanthidés oscillent quant à elles autour des 15cm. Côté nourriture, les poissons anges sont particulièrement friands d’invertébrés, d’éponges mais également de zooplanctons et d’algues. Leur répartition géographique est assez large et il est possible de les observer quasiment dans toutes les mers tropicales du globe, et parfois même dans les zones subtropicales comme au Cap Vert par exemple. 

Recentrons-nous sur le poisson ange empereur que l’on rencontre facilement dans la zone Indopacifique et en mer Rouge. Comme de nombreux autres poissons anges, sa grande particularité réside dans la mutation de sa robe entre le stade juvénile et l’âge adulte. La métamorphose est tellement radicale que l’on pourrait croire à un poisson tout à fait différent (bien que sa livrée reste incroyable et en fait sans doute l’un des plus beaux poissons de récifs). 

Une autre espèce est particulièrement connue des plongeurs et snorkeleurs : le poisson ange français. Celui-ci se retrouve quant à lui dans la mer des Caraïbes et varie d’une livrée noir/jaune vif vers une robe quasiment grise à l’âge adulte.

Les poissons papillons

Voici une seconde famille de poissons de récifs particulièrement populaire parmi les plongeurs. Les poissons papillons évoluent assez différemment des poissons anges, ces derniers se retrouvant le plus souvent en solitaire, le poisson papillon est, quant à lui, plus grégaire et apprécie se déplacer en petit groupe (et même en couples, ils sont très fidèles !). De façon générale, tous les poissons papillons sont splendides et présentent des couleurs éclatantes ; les espèces les plus colorées étant répertoriées dans les zones tropicales. Les plongées dans les eaux subtropicales (comme au Cap Vert pour ne pas changer) peuvent aussi vous permettre de découvrir quelques représentants légèrement plus ternes comme le poisson papillon robuste et d’Hoefler, dont les corps trapus présentent de belles lignes verticales orangées. Pour rencontrer l’espèce la plus peps niveau coloration, direction la mer Rouge où il est possible d’observer l’espèce endémique : le poisson papillon jaune, une merveille !

A contrario des poissons anges, les quelques 120 espèces qui constituent l’ordre des papillons diffèrent une fois de plus au travers de leur taille relativement réduite. Peu importe que vous soyez en Indonésie ou aux Bahamas, vous rencontrerez rarement des individus dépassant les 20cm de long. 

Les poissons papillons sont nommés ainsi à cause des motifs ocellés qui ornent la plupart du temps leurs flancs comprimés latéralement. Ces motifs ont pour but de tromper les prédateurs en créant l’illusion d’une paire d’yeux placés en vérité à l’opposé de la tête du poisson papillon. Les prédateurs ayant pour habitude de s’attaquer à la tête des poissons, cela laisse plus de chance au papillon de sortir « indemne » en cas d’attaque. Vous remarquerez lors de vos plongées que cette famille a pour principale caractéristique la présence d’une bouche logée au bout d’un bec assez proéminant. C’est particulièrement le cas pour le magnifique Chelmon à bec ou encore le papillon à long nez. Ces « becs » sont la manifestation des habitudes alimentaires de l’espèce. Cette particularité lui permet de dénicher de petites proies au cœur des récifs coralliens, c’est ainsi que l’on peut les observer régulièrement en train de « brouter » les coraux, à la recherche de petits invertébrés mais aussi à arracher quelques bouts de polypes au coraux durs et mous. 

Les poissons chirurgiens

Comment ne pas les citer... ? Voici encore l’une des grandes familles de poissons de récifs que tout plongeur désire observer lors d’une balade sous l’eau. Certains vous diront que cette famille a été largement popularisée lors de la sortie du film d’animation « Le monde de Némo » au début des années 2000, pourtant, les poissons chirurgiens sont les stars des plongées sur récifs depuis bien plus longtemps ! Tout comme les espèces que nous avons citées précédemment, on rencontre les individus en zones tropicales mais également dans les eaux subtropicales. 

Pourquoi un tel nom ? Tout simplement car tous les représentants des poissons chirurgiens sont équipés de petits scalpels de part et d’autre de la nageoire caudale. Ces petites excroissances tranchantes comme des lames de rasoir sont de véritables armes contre les prédateurs et les pêcheurs se montrent extrêmement prudents lorsqu’ils ramènent un poisson chirurgien au bout de leur ligne. Le scalpel, aussi appelé lancettes ou stylets, sont en vérité le résultat de la transformation d’une écaille qui a la faculté de se dresser et sortir de son fourreau protecteur lorsque le poisson se sent en danger. 

Au total, on dénombre 84 espèces de poissons chirurgiens dont les apparences peuvent être assez disparates en fonction de leurs répartitions géographiques. La majorité des chirurgiens appartient au genre Acanthurus et est caractérisée par une forme du corps légèrement ovale et une coloration plus terne que les autres familles à l’exception du magnifique chirurgien rayé ou encore du chirurgien à poitrine blanche (à découvrir en bancs lors de vos plongées dans l’océan Indien, plus particulièrement aux Maldives ou aux Seychelles). Lors de vos plongées, vous pourrez également observer la famille dite Zebrosoma. 

Ces derniers se distinguent des Acanthurus par la présence de nageoires « voiles », particulièrement imposantes et d’un corps à la forme de disque, ponctué par une petite bouche située au bout d’un nez proéminant. Contrairement aux Acanthurus, ils jouissent tous d’une coloration extrêmement intense, le meilleur exemple étant sans aucun doute le chirurgien jaune mais d’autres sont tous autant magnifiques, comme le Zebrosoma Gemmatum, semblant paré d’une robe de joaillerie et endémique de l’île Maurice, ou encore le Xanthurum et sa belle robe tranchée de violet et de jaune. D’autres représentants de la famille des chirurgiens peuvent quant à eux atteindre des tailles plutôt imposantes, dans les 60cm. C’est le cas de la famille des Naso où les poissons mâles représentatifs du genre sont ornés d’une longue corne, leur donnant le surnom de « poisson licorne ». 

Les poissons perroquets

Et nous poursuivons notre observation des poissons de récifs avec (une fois de plus) une famille explosant de couleurs, peut-être même la plus « colorée » en termes de palettes de couleurs par individu. Les poissons perroquets sont de véritables petits arcs-en-ciel sous-marins et ils méritent bien leur nom de par cette coloration exceptionnelle et leur véritable « bec », qui n’est pas sans rappeler l’équivalant de leurs homologues à plumes. Les couleurs varient non seulement entre les espèces mais aussi selon l’âge et le sexe du poisson. Comme pour les poissons anges dont nous parlions précédemment, les juvéniles des poissons perroquets sont tout à fait différents des spécimens que vous pourrez observer à l’âge adulte. Ils sont la plupart du temps dotés d’une coloration moins soutenue que les adultes, leur permettant ainsi d’évoluer en toute discrétion afin de diminuer le risque d’une attaque d’un éventuel prédateur. Les formes juvéniles se déplacent rarement au-delà des formations coralliennes et restent ainsi à l’abris des formations de coraux durs, les rendant ainsi bien plus difficile à observer que les adultes, bien plus gros et colorés. 

Le bec du poisson perroquet est-il une arme ? 

Non, si l’on se tient à la vocation première de cette bouche en forme de bec, le poisson perroquet est inoffensif et utilise son bec dur comme de la roche pour attaquer les récifs coralliens du monde entier. On les voit à l’œuvre sur le corail dont ils passent leur temps à grignoter la structure calcaire. Le plus étonnant est qu’il est tout à fait possible de les entendre manger le corail lors d’une plongée !

Après avoir ingéré le corail, les poissons perroquets l’expulsent sous forme de sable. En l’espace d’une année, un seul poisson perroquet ingère assez de corail pour produire une tonne de sable... surprenant et incroyable ! Ils sont en nombre dans toutes les zones tropicales et subtropicales du monde, alors imaginez ne serait-ce qu’une seconde le résultat entrainé par tous ces sédiments. Le sable issu des déjections du poisson perroquet est identique à celui que l’on retrouve sur les îles. Ainsi, le sable de certaines îles est issu à près de 70% des déjections de ce poisson, cette espèce est donc essentielle au développement des atolls et au maintien des plages, et donc, du niveau de la mer. N’ayez crainte, les perroquets ne sont pas plus un danger pour les récifs que les autres poissons, au contraire : ils passent 90% de leur temps à manger et sont donc d’une aide précieuse pour lutter contre les algues qui peuvent nuire à l’épanouissement du corail. Les systèmes coralliens étant des structures relativement complexes, ils sont voués à s’appauvrir si l’on ne se préoccupe pas des processus qui participent à leur construction et l’action des poissons perroquets en fait partie intégrante.

Les labres

On termine notre tour d’horizon par une grande famille de poissons vifs, curieux et plutôt faciles à approcher. Nous parlons là de l’imposante famille des labres et des girelles, qui ne regroupe pas moins de 500 espèces uniques réparties dans les mers et océans du monde entier. C’est d’ailleurs la famille de poissons que vous pourrez apercevoir à coup sûr lors d’une plongée ou excursion en snorkeling en Méditerranée. Dans le sud de la France, ils font partie de ceux que l’on appelle les « poissons de roches », car ils évoluent la majorité du temps sur le plancher océanique et trouvent refuge dans les anfractuosités rocheuses. De par le nombre conséquent d’espèces qui constituent cette large famille, il s’agit de la seconde plus grande famille de poissons marins. 

Tout comme les poissons perroquets, les labres et les girelles possèdent des représentants qui ont la faculté d’avoir une apparence différente selon leur sexe, on parle alors de dimorphisme sexuel évident. Les diverses livrées sont souvent extrêmement variées en couleurs et en motifs et ce sont d’ailleurs les poissons les plus colorés que vous pourrez observer le plus facilement au plus près du rivage, ils font donc le bonheur des snorkeleurs. En outre, à l'image des poissons perroquets, beaucoup de labres évoluent au cours de leur existence en fonction de leur maturité et de leur rang au sein du groupe.

Ces évolutions peuvent être considérées en différentes phases comme les poissons anges ou encore les perroquets mais avec des variations encore plus segmentées : juvénile, intermédiaire et terminale. À chacune d'entre elles, des modifications morphologiques (taille, forme et couleur) ont lieu. 

Ce qui est particulièrement fascinant chez les labres réside dans leur capacité à perpétuer l’espèce au travers de l’hermaphrodisme protogyne. Quézako ? Il s’agit là d’une méthode qui permettra aux poissons et donc à l’espèce de maximiser ses chances de reproduction. Chez les labres, cette mutation sexuelle s’opère dès lors que le mâle reproducteur disparait. Par conséquent, les girelles restent femelles jusqu’à la disparition du mâle dominant. Ensuite, la femelle la plus imposante se métamorphose en mâle en seulement une dizaine de jours : sa morphologie varie (taille, couleur, motifs, organe reproducteur), son comportement aussi.

Il arrive également que, dans des récifs fortement peuplés, certaines girelles juvéniles deviennent directement de petits mâles pour se développer et profiter du fait qu’un seul mâle dominant ne pourra jamais satisfaire l’ensemble des femelles.

C’est ici que se termine notre tour d’horizon des poissons de récifs. Vous l’avez bien compris, il s’agit ici d’un aperçu plus que minime de toute la beauté et la diversité qui vous attend durant vos plongées. Vous l’avez remarqué, certaines espèces sont absentes de notre rédaction et il n’appartient qu’à vous d’en découvrir davantage à leur sujet en effectuant quelques recherches à propos de leurs modes de vie, leurs spécificités ou encore des relations symbiotiques qu’elles peuvent entretenir avec d’autres espèces. Peut-être voulez-vous davantage de lecture à propos de la petite faune marine ? Et bien vous pourriez trouver votre bonheur sur notre article dédié aux poissons de Méditerranée ou encore aux quelques espèces aux formes les plus excentriques.