Découverte des récifs artificiels

Quelle est l’importance des récifs coralliens dans l’écosystème marin ? Peut-être que pour commencer il serait judicieux d’identifier au mieux quelle est la vocation de ces formations sous-marines ?

Publié le 06/09/2021

Allez, pour en savoir plus sur les récifs et les moyens de préservation déployés autour du monde pour ces derniers, on continue l’article ci-dessous et on va jusqu’au bout !

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Qu’est-ce qu’un récif ? Si l’on s’en tient à une définition extraite du dictionnaire, le récif se résumerait à « un rocher ou groupe de rochers à fleur d’eau ». Plutôt réducteur et simple ne trouvez-vous pas ? Quoi qu’il en soit, intéressons-nous à ce rocher à fleur d’eau. Tout un écosystème peut se développer à sa surface et, si tous les ingrédients sont réunis, une explosion de vie peut venir s’y épanouir et s’y reproduire. Et après ? Et bien si les conditions s’y prêtent complétement, ce sont ensuite les coraux eux-mêmes qui vont créer lesdits rochers. C’est par exemple le cas de la grande barrière de corail à l’Est de l’Australie, qui est en réalité un récif « de front » ou « de barrière ». On retrouve ainsi plusieurs autres barrières (certes plus petites) dans le monde dès lors que les coraux se développent sur d’anciennes colonies coralliennes éteintes. On trouve également d’autres typologies de récifs, comme les magnifiques atolls plutôt circulaires ou encore les récifs frangeants des littoraux, les plus communs. Ce qu’il faut savoir en tout cas, c’est que tous ces récifs ont quelques points communs. Quatre conditions (au moins) doivent donc être réunies pour qu’un récif puisse naitre, croitre et se maintenir en bonne santé : 

  1. Une bonne profondeur afin de permettre une bonne photosynthèse des coraux, 
  2. Les courants marins qui vont apporter divers nutriments à toute la biosphère du récif, 
  3. La température, qui compte beaucoup ces derniers temps... car les coraux ne supportent pas une eau à plus de 29 degrés (et pas moins de 21 degrés, ce qui n’empêche pas certaines espèces d’eau tempérée de prospérer en Méditerranée),
  4. Le fond marin, où les coraux vont pouvoir se fixer et grandir. Et oui, contrairement à ce que l’on peut penser, il n’y a pas de récif sur des bancs de sable ! 

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Ce sont ces 4 facteurs qui vont pouvoir créer la différence entre un simple rocher et un écosystème vivant, hautement complexe, comptant plusieurs millions d’individus. Cependant, le juste équilibre entre ces 4 ingrédients est compliqué à trouver à l’échelle planétaire. Par exemple, ne serait-ce qu’en termes de profondeur, saviez-vous que la profondeur moyenne des océans est égale à 3700m ? Cela laisse peu d’espace aux coraux pour se développer tout en bénéficiant de la photosynthèse qui ne va pas plus loin que 40 mètres de profondeur. 

Finalement, les zones océaniques comportant des récifs naturels ne représentent que 0,2% de toute la surface des océans ? C’est peu, très peu, mais si la nature a choisi 0,2%, alors elle a raison, mais il ne faut pas non plus changer ce chiffre ! Ce dernier étant très faible, il peut être impacté très rapidement. Sans récifs, une grande majorité de la faune et de la flore tropicale n’aurait plus de source d’alimentation, de nurserie, d’abris et viendrait alors à dépérir. Ce système de vie, qui apporte également une excellente filtration grâce aux millions d’éponges qu’il abrite, est aussi crucial pour maintenir une bonne santé de l’eau, dans ses composants chimiques et n’en est pas moins important pour les humains. Si on prend uniquement l’alimentation, les revenus issus directement de la pêche dans les eaux coralliennes fournissent une ressource et des services de plusieurs milliards de dollars chaque année. Les coraux ont également une grande utilité dans les recherches scientifiques, en médecine, et permettent aussi à de nombreux pays de s’assurer une attractivité touristique forte tout en apportant une protection naturelle et efficace au littoral. 

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Si les récifs sont vitaux, ils sont aussi en danger. Cette menace, qui est un danger réel, est engendrée par le réchauffement climatique, la pollution ainsi que la surpêche, qui entrainent un dérèglement des colonies coralliennes. De ce fait, la création de récifs artificiels commence à prendre tout son sens à travers différentes régions du globe. D’ailleurs, ces récifs peuvent prendre différentes formes. Les plus vieux récifs artificiels ont été créés lors de naufrages de bateaux qui, après plusieurs années, deviennent un véritable sanctuaire où la vie prolifère sans modération. Dans un premiers temps, les épaves, comme l’incontournable USS Liberty de Tulamben à Bali, peuvent être une réponse très intéressante afin de permettre aux coraux et aux poissons de s’implanter dans une nouvelle zone. Cependant, les océans ne peuvent pas être jonchés d’épaves qui demandent, au préalable, une préparation extrême afin de ne pas déverser des éléments dangereux en milieu naturel (de plus cela coûte extrêmement cher). Il arrive ainsi que certains bateaux soient coulés, volontairement, afin d’offrir un refuge et un support de vie aux océans.

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Fort heureusement, il est possible de « fabriquer » des récifs plus petits, avec différents matériaux : des structures métalliques en forme de toiles d’araignées, des blocs aménagés sous formes de pyramides avec différents niveaux de profondeurs, comme c’est le cas par exemple à Pyramid Amed à Bali. Les structures peuvent donc être diverses mais la majorité sont fabriquées en béton. Leur création est donc relativement aisée mais leur mobilité se retrouve souvent assez réduite. Parfois, ces dernières sont tellement grandes et lourdes qu’elles peuvent s’écrouler sur elles-mêmes. Les enjeux majoritaires dans la construction des récifs sont donc les suivants : simple à construire (environ 1h de fabrication avec du béton, suivi de 24h de séchage et une semaine de durcissement), à déplacer, à déployer, résistant à la houle et bien entendu propice à la biodiversité. 

Quoi qu’il en soit, la plupart du temps, les récifs artificiels sont souvent composés de plusieurs modules qui s’assemblent pour créer des sortes de superstructures. Au plus le rendu sera lourd et complexe, au plus le récif obtenu sera résistant aux éléments naturels. Cependant, le composant principal étant souvent le béton, il faut réfléchir pour que la base du récif artificiel puisse être scindée en plusieurs sections afin que le poids du transport unitaire soit le plus réduit possible. 

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Le saviez-vous ? Les récifs artificiels peuvent être designés afin de favoriser le développement d’espèces marines spécifiques. Certains trous situés sur les parois permettent de greffer et transplanter facilement les coraux du genre Acropora, aussi connu comme « Corne de cerf », tout en fournissant un abris et un point d’ancrage aux espèces d’oursins qui sont, pour la plupart, très utiles à la survie des récifs car ils se nourrissent d’algues indésirables. La présence d’oursins est d’autant plus souhaitée dès lors que les récifs artificiels accueillent des boutures de coraux durs, dont la structure calcaire « figée » est plus sensible aux invasions d’algues. Des trous perçants et des trous pleins permettent également d’accueillir toute la faune mouvante, que ce soient des poissons ou encore des crustacés, céphalopodes. Le but est ainsi d’héberger le plus d’espèces marines différentes pour créer un véritable lieu de vie où proies et prédateurs peuvent évoluer en symbiose. 

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Quels effets peuvent être constatés sur le moyen / long terme ? Certains récifs artificiels peuvent devenir un lieu de vie permanent pour les poissons qui vont vivre définitivement autour de la zone et qui feront ponctuellement quelques incursions sur les zones naturelles environnantes. Pour cela, et comme nous en parlions précédemment, le récif artificiel doit faire preuve d’une construction intelligente et parfaitement intégrée. Les formations naturelles étant généralement compactes, les récifs artificiels ont tendance à évoluer ces dernières années. On parle alors de biomimétisme et on tente d’échapper à des éléments trop homogènes. De cette façon, les coraux, qu’ils soient plus ou moins gourmands en lumière, friands des apports nutritifs des courants marins ou non, pourront se positionner comme ils le souhaitent et ce de façon naturelle. Car oui, certaines espèces sont greffées manuellement par l’humain mais d’autres vont rejoindre le récif en construction au fur et à mesure. C’est notamment le cas des coraux mous, qui seront ensuite rejoints par les coraux durs et quelques algues encroutantes du genre coralline, qui donneront au récif une tonalité quasi-naturelle avec de belles nuances de rose / violet. 

Vous l’aurez compris, la construction des récifs artificiels est une aventure inédite et quelque peu hors du commun, à la sorte d’une ruine inversée, la ruine étant un bâtiment qui s’écroule et qui est petit à petit colonisé et envahi par la nature. Dans cette situation là, les « bâtiments » sont construits dans le but d’être colonisés par la nature. La transformation de la structure est hautement intéressante car l’architecture inerte devient une structure vivante, un lieu de vie, qui va se transformer au fil du temps. 

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Les récifs artificiels sont importants, oui ! A ce jour, ils font partie de l’une des actions menées pour restaurer les écosystèmes marins. D’autres projets comme les replantations d’herbiers permettent d’entretenir des zones de vie saines. Cela a-t-il réellement un impact sur l’environnement ? Oui, énormément, et nous soutenons ce genre d’initiatives à travers le monde. Vous souhaitez vous aussi apporter votre pierre à l’édifice ? Pourquoi ne pas partir quelques jours pour un séjour participatif sur la magnifique île de Nosy Be, à Madagascar. Un séjour de rêve entre plongées, rencontres avec les locaux et, bien entendu, une initiation aux techniques de culture des coraux sur les récifs artificiels.