Le corail, inestimable trésor sous-marin

C'est un univers parallèle, comme une cité tentaculaire en strates, qui héberge une vie marine foisonnante, un paysage qui n'existe que sous la surface.

Publié le 24/08/2022

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Nous parlons bien entendu du magnifique corail et des récifs coralliens. Les paysages sous-marins créés par les formations récifales et les espèces qui les peuplent sont les plus spectaculaires et les plus complexes du monde. Découvrons-les ensemble !

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Considéré comme une inestimable forêt sous-marine, maison de nombreuses espèces aux formes variées, le récif corallien attire la faune, l’abrite et la nourrit. Une espèce marine sur quatre y vit, c’est pour dire à quel point sa préservation est importante ! 

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Au sein des coraux, il existe deux familles bien distinctes à connaitre, les coraux durs et les coraux mous. Mais alors, qu’est ce qui les caractérisent ?

Premièrement les coraux durs sont des coraux travailleurs, les premiers ouvriers du récif. Ils participent à la construction de la colonne vertébrale de ce dernier. Un grand nombre de coraux constructeurs sont exclusivement adaptés aux eaux chaudes et aux faibles profondeurs sur une étendue suffisamment large pour se déployer, ce qui est particulièrement le cas dans les zones tropicales et subtropicales. Évidemment, comme tout être vivant, les coraux ont tendance à se développer plus rapidement et à se développer en nombre lorsqu’ils bénéficient d’un bon ensoleillement. C’est pourquoi nous retrouvons les plus grands récifs du monde comme la Grande Barrière de Corail ou celle des Caraïbes (la seconde plus grande au niveau mondial) dans les zones chaudes. 

Qu’en est-il du corail mou ? Le corail est dit mou car il n’a pas de squelette rigide. Du fait de leur structure osseuse inexistante, ils ont bien sûr un aspect souple. Pensez notamment à la forme des alcyonaires, l’amplexidiscus ou encore au discosoma, ressemblant très nettement à des anémones. Ces coraux mous servent de refuge pour divers organismes et sont moins fragiles que les coraux durs qui mettent beaucoup plus de temps à se développer (jusqu’à 1cm par an pour les coraux durs et 10cm pour certains coraux mous). C’est entre autre pour cela qu’il est impératif de bien manier les palmes en plongée et de ne surtout pas heurter le fond marin.

Rappelons que les coraux sont des êtres vivants qui ont besoin de nourriture. La plupart des coraux durs se nourrissent la nuit, étendant alors leurs polypes ; un élément constituant du corail dur qui a la forme d’une tige entourée de tentacules ; et utilisant leurs nématocystes ; structure subcellulaire ; pour piquer le plancton ou le petit poisson qui passerait à proximité de leur bouche. 

Quant aux coraux mous, ils se nourrissent en filtrant les particules nutritives de l’eau. Il est essentiel que le courant soit assez fort pour qu'ils puissent se nourrir, c'est pour cela que les amateurs des fonds marins se placent à contre-courant pour admirer ce spectacle de la nature. 
Il existe une astuce pour différencier les coraux durs des coraux mous ! Les polypes des coraux durs ont six tentacules et sont lisses. Ceux des coraux mous en possèdent huit et s’apparent à de jolies plumes.

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Partons désormais sous la surface à la découverte de la fluorescence des coraux. 

En plongée, au soleil couchant, ouvrez les yeux et vous pourrez peut-être observer une étonnante lueur apparaissant au loin. Ce rayon lumineux ne dure qu'une ou deux secondes et est le signe que la surface de l'eau est plus chaude que l'air. Ce phénomène, perceptible pour les plus connaisseurs, s’apparente à des couleurs fantômes pouvant demeurer cachées à moins que l'on sache où et comment regarder ! 

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Pour les plus amateurs d’entre nous, il est tout bonnement impératif de savoir que de nombreux animaux récifaux émettent des couleurs fluorescentes invisibles à nos yeux. C’est pourquoi, à la nuit tombée, des lumières ultraviolettes, embarquées par les plongeurs, peuvent révèler des couleurs insoupçonnées. En effet, la lumière bleue (semblable à la vision qu’ont les poissons) est un outil pour pouvoir apprécier la richesse de la vie sous-marine, comme l’observation de crabes microscopiques se nichant sur quasiment tous les coraux. Cela est la preuve que les poissons voient certains animaux qui sont invisibles pour l’homme à l’œil nu et de nombreux coraux brillent ainsi, utilisant sans doute la lumière fluorescente pour nourrir les algues qu'ils abritent. Le récif se relève encore plus riche que jamais en l’observant sous cette lumière bleue. Dans le monde du silence, la nature fait preuve d'une créativité étonnante, insoupçonnable avant de la voir de ses propres yeux. 

Maintenant que nous comprenons mieux ce qu’est le corail, attardons-nous sur son environnement et sa manière de vivre ! 

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Pour la bonne stabilité des coraux au sein de l'écosystème récifal, l'équilibre entre les différents organismes est (très) crucial. Les nombreuses espèces d'algues représentent une source de nourriture importante mais elles empiètent aussi sur l'espace libre des coraux. Quand elles prennent le dessus, elles étouffent les récifs, menaçant ainsi la santé des coraux.

La nature étant bien faite, des poissons, comme le poisson-perroquet, se chargent de rétablir l'ordre. Ils sont présents sur les récifs et passent leur temps à grignoter la structure calcaire. Quelle en est l’utilité ? Après avoir ingérer le corail, le poisson-perroquet va alors l'expulser sous forme de sable. Un seul poisson-perroquet ingère assez de corail pour libérer une tonne de sable sur un an. Le sable issu de leurs déjections est identique à celui qu'on retrouve sur les îles des Bahamas, région où l’on retrouve de nombreuses espèces de poissons-perroquets. Effectivement, certaines îles se composent à plus de 70% de sable issus de leurs rejets. Ce poisson aux mille couleurs est donc essentiel au développement des atolls des îles. D’après les spécialistes, quand un épisode de pollution provoque la prolifération des algues, le poisson-perroquet aide les récifs à mieux résister en y broutant l'excédent, permettant ainsi à la lumière d'atteindre à nouveau les coraux. 

Oursin-recif

Il en va de même pour les oursins, les escargots ou encore les étoiles de mer, qui participent à leur échelle à maintenir la prolifération des algues tout en veillant à éliminer efficacement les éléments pouvant entrainer une altération de l’eau du récif. A ce sujet, nous vous invitons à consulter notre article au sujet des espèces détritivores, essentielles à la bonne santé du récif. 

Grande-barriere-de-Corail

Bien évidemment, nous ne pouvions pas ne pas évoquer la mythique Grande Barrière de Corail. Il s’agit du plus grand récif corallien vivant au monde et le plus vieux (18 millions d’années) – pas étonnant qu’il figure sur la bucketlist de chaque plongeur. Composée de près de 2 900 récifs individuels, 600 îles continentales et 300 cayes coralliennes (des petites îles composées uniquement de sable et débris coralliens), la Grande Barrière de Corail est la seule structure vivante visible de l’espace ! Ce royaume sous-marin est presque aussi vague que l’Allemagne et abrite une diversité de faune sous-marine exceptionnellement riche. On y recense plus de 600 espèces de coraux, 1 625 espèces de poissons, on y trouve aussi 6 des 7 espèces de tortues marines dont la tortue verte, la tortue luth, la tortue imbriquée, la tortue caouanne, la tortue à dos plat et la tortue olivâtre. De nombreuses espèces de raies dont la fabuleuse raie Manta, la raie-aigle, et d’énormes raies pastenagues habitent autour des îles bordant la Grande Barrière. Ce haut lieu de la diversité accueille également des requins de récifs tel que le requin gris, le requin pointe noire, le requin pointe blanche, le requin nourrice mais aussi le requin océanique, le surprenant requin marteau ou encore de plus grandes espèces comme le requin-tigre et le requin-bouledogue. De nombreuses espèces de dauphins et dugongs cousins des lamantins, évoluent également dans cette région exceptionnelle. 

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Cependant, nul besoin de parcourir le monde pour apprécier la beauté des paysages coralliens. La Méditerranée a largement de quoi passionner les amateurs de plongée. Et oui, contrairement à ce que de nombreuses personnes pourraient croire, elle est peuplée par diverses espèces de coraux. La Grande Bleue est une mer plutôt chaude en réalité, puisque ses températures hivernales ne descendent pas en dessous de 10 °C. La diversité de ses gorgones colorées de jaune et de rouge comble les plongeurs et photographes sous-marins. A même la surface, il est possible d’apprécier la beauté des coraux amateurs de lumière. En descendant un peu en profondeur, il est possible d’apprécier la présence d’un corail solitaire, appelé communément « dents de cochon » ou « dents de chien ». Mesurant à peine 1 à 2 centimètres de diamètre, ce sont les coraux sont les plus rares de la Méditerranée.

En s’éloignant un peu de la lumière, il est facile de profiter des espèces sciaphiles, soit les espèces qui privilégient l’ombre au soleil, principalement les coraux mous. Vous aurez ainsi l’opportunité d’observer des madrépores solitaires jaunes ou des alcyonaires. Pour finir, comment ne pas parler du fameux corail rouge de Méditerranée. Malgré son nom, celui-ci est en réalité une gorgone, qui a la particularité d’avoir un squelette calcaire et non ligneux. Vous le trouverez dans les coins sombres, bien souvent dans les failles et les grottes. Une splendeur !

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Les récifs coralliens sont donc aussi fascinants que les nombreux animaux peuplant les profondeurs marines. Ils sont à la biodiversité marine ce que les forêts tropicales humides sont à la biodiversité terrestre alors gardons à l’esprit que leur conservation est primordiale et continuons de les protéger. Avec le temps, les récifs continuent de se développer à travers le monde, il n’appartient qu’à nous de leur offrir la possibilité de se développer sur le long terme en préservant toujours plus l’environnement. Avez-vous déjà entendu parler des récifs artificiels ? Ces petits gestes de l’Homme pour la biodiversité marine pourraient très bientôt s’avérer une solution sur le long terme pour stimuler et amplifier rapidement la croissance des coraux. Bonne lecture !