Rencontre avec l’orque

Lorsque l’on rencontre pour la première fois une orque, cette rencontre est aussi bien visuelle qu’auditive. Sous l’eau, que ce soit en apnée ou en snorkeling, on entend très bien le chant de l’épaulard (c’est son autre appellation) qui émane des profonde

Publié le 31/08/2020

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L’orque, qui est-elle ? 

Il s’agit de l’un des plus grands membres de la famille des cétacés à dents : les odontocètes (la famille du cachalot !). Bien que de grande taille, il est davantage proche du dauphin que de ses cousines les baleines. De couleur noire ponctuée par quelques zones blanches autour des yeux et sous le ventre, elle est aussi la représentante des cétacés à posséder le plus long aileron dorsal, pouvant atteindre jusqu’à 1m80. L’orque, lorsqu’elle est en pleine santé et en milieu naturel adapté à son développement peut atteindre les 10 mètres de longueur, pèse plusieurs tonnes et est munie d’une belle rangée de dents pouvant atteindre jusqu’à 12cm chez certains mâles. Il existe plusieurs populations d’orques dans le monde et quelques différences physiques au niveau de la taille peuvent être observées en fonction de la répartition géographique. Le petit de l’orque (que l’on appelle aussi le « veau ») mesure, quant à lui, dans les environs de 2 mètres à la naissance et pèse approximativement 200 kilos. On dit que l’orque est un super prédateur. Evidemment, ce terme peut faire peur mais cela ne sous-entend pas « danger » pour l’humain. Sachez qu’il n’y a jamais eu d’attaque d’orque sur un être humain en milieu naturel, au grand jamais, et qu’il faut prendre avec des pincettes et avec beaucoup de recul les expériences qui ont pu être relatées au sujet d’orques maintenues (à notre grand regret) en captivité, dans un environnement non adapté et donc vecteur de stress. 

Au sujet de l’étude du comportement de l’orque et de sa prédation, on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’une espèce qui domine toute la chaîne alimentaire sous-marine. On dit que c’est une espèce « apex » et qu’elle n’a donc pas de véritable prédateur naturel. L’orque est également capable de s’adapter pour survivre. Ainsi, elle est capable de chasser les bancs de poissons. On sait, grâce à des études sur le terrain en Norvège, qu’elle chasse dans cette zone de larges bancs de harengs, mais aussi des requins, des baleines, des tortues, des manchots et des mammifères marins.

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Où rencontrer l’orque ? 

On trouve les orques pratiquement dans tous les océans et mers du globe mais principalement dans les mers froides, territoires qu’elles affectionnent particulièrement pour la topographie des systèmes et bien sûr pour leurs ressources alimentaires : hareng, maquereau, saumon, phoque, baleine grise. Il est parfois difficile de croire qu’il y a plus de ressources alimentaires en eau froide qu’en eau chaude, pourtant la chaine alimentaire commence sur le premier maillon par les microalgues, qu’on appelle aussi phytoplancton. Celui-ci est plus abondant dans les régions du pôle car l’eau y est plus froide, il y a plus de lumière, de nutriments, donc tous les éléments sont réunis pour faire que ce premier maillon soit très riche et que les autres échelons de la chaine alimentaire soient amplifiés par cette toute première richesse. Ainsi, on dénombre plus de prédateurs supérieurs dans les eaux froides que dans les eaux tropicales.

Plongee_snorkeling_orques

L’orque, une espèce bien futée

Nous sommes en présence d’une espèce dotée d’un (très) gros cerveau ! On estime qu’il a un poids d’environ 6 kilos pour un spécimen adulte. Pourquoi un tel poids ? En partie car l’orque est extrêmement intelligente ! A ce jour, on ne comprend toujours pas le langage verbal des orques (leur fameux chant) mais ce dernier, par son mystère et sa codification, laisse deviner le degré de leur complexité sociale. Pour autant, on peut facilement observer leur capacité à raisonner, résoudre des problèmes. Ils savent s’adapter à leur environnement et peuvent orchestrer de grands plans d’attaque pour cerner leur proie. Par ailleurs, il s’agit aussi d’une espèce pleine d’empathie, et cela s’appuie sur des études scientifiques bien entendu ! Il se trouve que le cerveau de l’orque possède des lobes plus importants que chez l’homme, notamment le cortex paralimbique dédié aux émotions et à l’empathie. Ainsi, l’espèce est extrêmement sociable, elle n’oublie jamais un partenaire, un congénère. Par exemple, une femelle orque qui perdrait son veau peut faire le deuil de cette perte pendant de très nombreux jours en refusant d’abandonner le corps de son petit. 

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Une communication de pointe 

Il y a 2 systèmes à différencier chez l’orque. Une première faculté lui permet de s’exprimer, elle émet des sons qui lui permettent de communiquer sur une plage de fréquence assez importante. On appelle ces sons des chants, comme celui des baleines, assez mélodieux et avec plusieurs séquences. La population des orques de Norvège a par exemple 24 sons basiques contre les 26 lettres de notre alphabet ! Elle arrive à faire plus de 60 mots en combinant ces sons différemment. Il s’agit là donc d’un vrai langage verbal que nous ne comprenons toujours pas à ce jour. En plus de cela, l’orque a également un système d’écholocation lui permettant de se repérer. A la manière de la chauve-souris, elle émet des sons et interprète l’écho notamment pour se repérer. Cela est facilité par la propagation du son dans l’eau qui est bien supérieure à ce qu’elle peut être dans l’air. 

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L’orque et sa famille

L’orque évolue en groupes familiaux (on appelle ce regroupement un pod). La plus vieille femelle vit généralement avec l’intégralité de sa descendance ce qui peut former des groupes de plus d’une vingtaine d’individus. Cette matriarche peut atteindre l’âge canonique de 70 ans mais peut voir cette durée de vie rallongée dans de bonnes conditions de santé. Cette stabilité intrafamiliale est sans doute l’une des plus abouties de tout le règne animal. Des héritages de chasse et de comportements sociaux sont hérités de génération en génération, il y a au sein de chaque pod de véritables passations de comportement et d’identité. Les pods sont exclusivement constitués des enfants/frères/sœurs/petits enfants, évoluant sous le régime d’un matriarcat, donc sous le « contrôle » d’un individu femelle. Appartenant à la même famille, les reproductions ont toujours lieu en dehors du groupe afin d’éviter la consanguinité. Comme nous l’avons dit, l’orque est intelligente et semble sensibilisée à cette problématique. Lors de la période de reproduction, les orques mâles se séparent du groupe afin de partir à la rencontre d’une femelle. Il n’y a pas de pic de natalité chez l’orque, on suppose donc que la saison des amours est à peu près échelonnée tout au long de l’année. Une fois la rencontre effectuée, chaque orque part rejoindre son pod. La femelle qui attend son heureux événement devra être bien patiente ! Il lui faudra 16 mois de gestation que pour le petit veau vienne au monde et rejoigne le reste de la famille. 

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L’orque et ses techniques de chasse 

La phase de prédation de l’orque est peut-être l’un des plus éblouissants spectacles animaliers de la planète en termes d’organisation. La communauté du pod peut être (ou non) spécialisée dans un type de chasse en particulier. Il arrive que les pods prennent en chasse d’autres cétacés, donnant ainsi naissance à des spectacles plus brutaux lorsqu’ils s’attaquent à la baleine de Minke, le petit rorqual ou encore la progéniture de la baleine grise. Ils ont pour habitude de séparer le petit de sa mère. Pour cela, chaque individu de la tribu familiale a son rôle à jouer. Ils coordonnent véritablement leurs actions, ce qui sous-entend un système de communication en temps réel extrêmement complexe et élaboré. Chacun obéit à la consigne commune ce qui les rend redoutables ! D’autres techniques de chasse font appel à la fédération de groupe comme lorsqu’il leur faut séparer des bancs formés de millions de harengs… sous l’eau aussi, il faut parfois diviser pour mieux régner ! Les orques ont également tendance à être friandes de phoques dans les régions nordiques. On les assimile alors à une technique de chasse particulière qu’elle partage avec d’autres prédateurs comme le requin renard : elles utilisent leurs puissantes nageoires caudales afin d’assommer leurs proies sous l’eau. Dans le cas de poissons de moyenne taille, elles peuvent alors étourdir jusqu’à une trentaine de poissons pour les engloutir quelques secondes plus tard. Les proies plus imposantes comme les phoques sont, quant à elles, victimes d’un étourdissement encore plus impressionnant : elles projettent le phoque ou encore l’otarie à plusieurs mètres de hauteur et peuvent répéter l’opération des heures. Certains pods d’orques ont même acquis au fil des générations la pratique de l’échouage volontaire : les individus observent depuis la rive les mammifères ou oiseaux à portée de bouche. Si la cible est atteignable et que le terrain est suffisamment incliné, l’orque s’échoue sur la plage, saisissant ainsi sa proie et se laisse glisser pour son retour à l’eau.

Avez-vous appris quelques faits insolites à propos de l’orque ? Nous espérons que oui et que vous avez levé le voile sur son mode de vie. Vous souhaitez en apprendre plus sur les espèces marines ? Si oui, vous devriez visiter notre page dédiée aux principales espèces à observer lors d’une plongée ou d’une croisière à travers le globe.