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29/08/2024

La plongée prend très souvent des connotations d’activité dynamique où le ballet incessant des poissons avec en fond dans le bleu, des cétacés...

Cette idée est partiellement fausse car l’expérience d’une plongée riche et variée se résume dans un savant mélange de rencontres et de détails. Alors oui les petits poissons sont magnifiques, les requins apportent leur lot d’adrénaline, les dauphins donnent le sourire, pourtant tout un tas d’espèces plus confidentielles, qui font partie intégrante de la vie locale, présentent-elles aussi un réel intérêt à être observées.

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Qui sont ces animaux mystérieux ? On vous raconte tout sur 5 espèces incontournables que vous allez sans doute vouloir ajouter illico presto à votre bucket list ! 

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1 / La crevette-mante

Il virevolte comme un papillon et pique comme une abeille, mais ce décapode adepte de la boxe est absolument tout sauf un poids lourd ! Avec la plupart du temps à peine 13cm au compteur, la crevette-mante, aussi appelée crevette-mante-paon ou encore squille multicolore, ne dévoile souvent que ses antennes aux plongeurs. Cependant, dès lors qu’il s’agit de chasser, ce petit crustacé dispose d’un terrible arsenal, à commencer par la paire d’yeux la plus complexe connue du monde animal. Chaque œil peut bouger indépendamment de l’autre, chacun disposant de 16 cônes qui analysent la couleur et sont disposés en bandes. Nous les hommes n’en possédons que 3 ! La squille se sert de ces bandes comme d’un viseur pour localiser ses proies puis exploite ensuite son autre super pouvoir. De ses pattes puissantes et calcifiées en forme de massue, elle frappe à (tenez-vous bien) 80 km/h ! C’est énorme, soit l’un des mouvements les plus rapides de la faune sous-marine ! Elle apporte donc la plupart du temps un uppercut fatal aux petites espèces qui croiseraient son chemin, allant des crabes aux autres crevettes, en passant par des petits poissons et des coquillages aussi gros qu’elle ! Troisième arme fatale : des pattes crochetées en forme de harpon qui attirent leur proie sous terre à la vitesse d’une balle de calibre 22 ! 

Avant de porter le coup fatal, la crevette accumule de l’énergie et relâche sa pince comme si elle était montée sur ressort : une super crevette ! 

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2 / Le bénitier géant

Les bénitiers géants ne sont autre que des mollusques géants ! Ils sont massifs et multicolores.  Le plus grand individu jamais observé en plongée mesurait 1,37m de longueur, avait environ une centaine d’années et pesait quasiment 250kg, gigantesque pour un coquillage et égal au poids de 3 éléphanteaux ! Il y a longtemps, les mythes et légendes du Pacifique Sud décrivaient ces mollusques comme des mangeurs d’hommes qui guettaient dans les profondeurs les plongeurs peu méfiants. Pourtant, il semblerait que ces gentils géants préfèrent se replier sur eux-mêmes et protéger leur corps charnu plutôt que de s’attaquer aux plongeurs, n’ayez aucune crainte, tant pis pour les mythes de mollusques tueurs ! En mettant souvent en avant des animaux sous-marins plus charismatiques et dynamiques comme les cétacés, ou encore les poissons de récif, on oublie souvent que d’autres espèces sont toutes aussi ravissantes à observer et font également partie de ce « tout » qui caractérise une plongée réussie et réellement riche en rencontres. Depuis plusieurs années, des études et des efforts de préservation sont déployés autour de l’espèce afin d’assurer son avenir (et oui, malheureusement leurs coquilles géantes font l’objet d’une exploitation interdite dans certaines parties de l’océan Pacifique et Indien). Les études de comportement de ces animaux ont révélé que les bénitiers ont la faculté de marcher sur les fonds marins. Comment échapper aux prédateurs sans cela et comment trouver un partenaire pour la reproduction ? Comme toute la faune des récifs coralliens, les bénitiers ont un impact immense sur l’écosystème. Il s’avère que ces mollusques multitâches participent à la création du récif, sont de véritables filtres à eau et sont des abris pour de nombreux crabes et crevettes, ils sont alors les signes vitaux d’un récif en bonne santé ! 

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3 /Le crabe porcelaine

Voici une minuscule petite créature des fonds coralliens qui semble comme en dentelle et d’une grande fragilité. Avec 2cm de largeur de corps à taille adulte, sans les pattes donc, ce crabe est aisément reconnaissable en plongée avec sa belle couleur blanche à beige rosé, constellé de petits points de couleur rose à rouge, lui donnant l’aspect d’une céramique (avec un peu d’imagination !). Le crabe porcelaine évolue la plupart du temps à proximité d’une anémone ou d’un corail où il passe la grande majorité de son temps à filtrer l’eau. Il se sert des formations coralliennes pour gagner de la hauteur et placer ses petits « éventails » afin de dénicher les particules en suspension, c’est ainsi qu’il se nourrit ! En vérité, ces éventails sont reliés à la pièce buccale du crabe et sont constitués de minuscules petits poils de fine soie qui vont fixer les particules océaniques. En plongée, il est possible de rencontrer le crabe porcelaine dans l’océan Indien et l’océan Pacifique tropical. Il vous faudra ouvrir les yeux pour le rencontrer car sa carapace atteint un très bon mimétisme dès lors qu’il élit domicile dans une anémone du genre Heteractis. C’est d’ailleurs en vous attardant sur un curieux poisson-clown que vous pourrez quelque fois avoir la chance de tomber nez à nez avec ce crabe. Cependant, contrairement au poisson-clown qui entretient une relation symbiotique avec l’anémone (chacun apporte une compensation à l’autre : par exemple un abri en échange de l’aération de l’intérieur de l’anémone), le crabe n’apporte pas de réelle valeur ajoutée à sa cohabitation avec l’anémone. On dit qu’il a alors une relation de commensalisme, lui seul bénéficiant de l’abri fourni par son hôte. De même les espèces de poissons-clowns qui résideraient également dans l’anémone n’ont aucune interaction avec le petit crabe porcelaine.

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4 / L’oursin diadème

Qui s’y frotte s’y pique ! C’est en tout cas un bon résumé de cet oursin qui possède les plus grandes aiguilles de toute la famille des Echinoidea, autrement dit, des oursins !  Ces derniers sont très variés en formes et en couleurs en fonction de leurs aires de répartition géographique. L’oursin diadème est cependant l’espèce dominante dans la zone Caraïbes et il est relativement facile de l’observer en plongée autour du Mexique, en Guadeloupe ou encore vers Saint-Martin. Avec un corps ovale d’environ 10cm, cet oursin fait partie des « petites » espèces de sa famille en termes de circonférence. Cependant, ses piques atteignant parfois plus de 15cm peuvent lui faire atteindre un diamètre global de 40cm, ce qui n’est quand même pas mal pour un oursin ! Comme le bénitier géant, l’oursin diadème joue également un rôle très important dans la préservation et le maintien du récif corallien, sans lui, la biodiversité de la zone des Caraïbes peut se retrouver menacée. C’est une espèce clé de voute qui se caractérise alors par la qualité, le nombre et l’importance des liens qu’elle entretient avec son habitat et les autres espèces. L’oursin diadème est dans cette région du monde le plus gros herbivore capable de se débarrasser des algues invasives qui gagnent les récifs et nuisent au développement des coraux durs et mous. L’oursin diadème est également un refuge de choix pour de nombreux petits poissons qui profitent de ses aiguilles acérées pour se protéger des prédateurs. Si vous êtes de passage vers le détroit de Lembeh (oui, il y a aussi des diadèmes en Indonésie !), vous pourrez sans doute observer quelques petits poissons cardinaux de Banggaï tournant autour des oursins afin de sa faufiler dans ses épines, dès lors qu’un poisson un peu trop gros passerait par-là ! 

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5 / La nudibranche 

Il n’en a pas l’air comme ça, mais le nudibranche est constamment en mouvement, si bien qu’il peut se déplacer jusqu’à 50 centimètres par heure ! On appelle ces petits animaux marins « nudibranches » tout simplement parce que leurs branchies sont situées à l’extérieur de leur corps (« Nubus » en grec ancien voulant dire « nue » et « branchia » pour « branchie »). On connait actuellement sur la planète environ 3000 représentants de cette grande famille dont la grande majorité possède une palette de couleurs extrêmement chatoyante, faisant du nudibranche l’une des stars des plongées macro et qui fait également le plus grand bonheur des photographes sous-marins. Tout d’abord, qu’est-ce que réellement un nudibranche ? Un vers ? Non, il s’agit plutôt de l’équivalent aquatique de nos limaces terrestres, mais en plus jolis ! 

Il appartient donc à la classe des gastéropodes marins. Il n’a pas de coquille, son corps est mou et il peut revêtir une multitude de formes et de couleurs : une plante, un hérisson, un dalmatien, un petit volcan, une danseuse de flamenco, un petit dragon ailé ou encore un petit kiwi, le nudibranche représente à merveille l’extravagance des océans et les surprises qu’ils réservent ! Ses yeux microscopiques (si petits qu’il ne peut voir que des nuances d’ombre et de lumière) sont surmontés d’appendices longs et minces qui constituent un organe sensoriel essentiel. Ces petites excroissances semblables à des mini radars servent notamment à détecter la trace chimique laissée par une proie ou un éventuel partenaire reproductif ! Le nudibranche peut être rencontré à peu près partout, que ce soit en Méditerranée, avec des individus avoisinant les 3cm maximum, jusque dans les zones tropicales, où certaines espèces peuvent atteindre les 10cm et certaines des tailles bien plus conséquentes comme la fameuse danseuse espagnole avec ses 30cm, voire plus ! 

Le saviez-vous ? Ses belles couleurs sont là pour dissuader tout prédateur de le dévorer, elles préviennent les chasseurs que leur chair est hautement toxique. Ne pouvant le dire ni avec des mots, ni en ayant la capacité de fuir, le nudibranche s’exprime avec des couleurs. D’ailleurs le nudibranche a la faculté de s’alimenter d’une faune fixe, ne pouvant attraper des proies en mouvement. La faune fixe étant souvent toxique, le nudibranche a développé la faculté de digérer leurs toxines pour répartir ensuite les toxines ingérées dans son propre corps et se défendre des prédateurs. C’est ainsi qu’il entretient sa charge vénéneuse, plutôt futé non ? 

Alors, que dites-vous de ces 5 super espèces ? Qu’il s’agisse d’un comportement exceptionnel, d’une particularité physique ou bien d’un rôle dans le maintien de la biodiversité, les espèces que nous avons passé en revue sont toutes incroyables et méritent que tous les plongeurs du monde s’y intéressent. Vous avez aimé cet article ? Poursuivez votre lecture avec notre article sur les espèces de poissons serpentiformes ou sur les poissons qui excellent dans l’art du camouflage !