5 espèces à découvrir au large

L’histoire des poissons n’est pas toute jeune. Les premiers fossiles observés remontent à près de 500 millions d’années !

Publié le 02/12/2022

Depuis cette très lointaine époque, nos amis à écailles ont évolué, bien entendu, et se sont diversifiés de façon spectaculaire pour apparaitre aujourd’hui sous différentes formes et spectres de couleurs. Cette évolution est avant tout marquée par le besoin de s’adapter à un environnement et parfois à des conditions extrêmes. En effet, les poissons du récif sont nettement différents de ceux qui peuvent être observés en haute mer par exemple. Il en est de même pour les espèces abyssales, qui elles subissent des transformations vraiment inédites pour s’adapter à un environnement hostile, froid, sombre et nutritivement pauvre. Cependant, restons proches de la surface pour nous concentrer sur les quelques espèces que les plongeurs peuvent avoir l’occasion d’observer en haute mer lors d’une croisière plongée (ou d’une plongée au large comme aux îles Brothers).

Les-especes-du-large

Bien souvent, qui dit haute mer dans le milieu de la plongée sous-entend forcément l’observation des espèces pélagiques, cependant, cela est plutôt réducteur. La zone du large est en vérité d’une belle richesse à qui saura s’intéresser à sa faune et ses mystères. Adaptées aux modes de vie et de déplacement, les formes du corps des poissons de haute mer sont multiples : oblongues ou en fuseau chez les bons nageurs de pleine eau, allongées chez de nombreuses espèces de surface. Les nageoires, elles aussi, sont de reflet des comportements de chasse : immenses pectorales permettant de planer hors de l’eau sur plusieurs centaines de mètres pour échapper aux prédateurs, caudale arrondie, fourchue, tronquée, en lyre... 

Vous remarquerez aussi au niveau des espèces présentées qu’elles ont toutes une caractéristique commune : un corps globalement dépourvu de couleurs, jouant sur des teintes métalliques et argentées. La nature étant bien faite, cette uniformisation de couleurs n’est pas anodine. En effet, un corps métallique reflétant l’environnement direct est le moyen le plus sûr pour passer inaperçu en haute mer car les abris sont inexistants tout simplement. Le bleu de l’eau se reflétant sur les écailles des poissons est la solution la plus efficace pour que les prédateurs passent inaperçu et vice-versa pour les proies. Il en est de même pour les dangers provenant des airs ! Les oiseaux marins étant parfois nombreux au large, beaucoup d’espèces possèdent un dos sombre (bleu-nuit pour les espèces de grand large et contre du vert pour les espèces lagonaires), ce qui aide à « se fondre » dans la masse depuis les airs. Idem pour la coloration ventrale des poissons évoluant dans le bleu, celle-ci est généralement très claire, afin que les prédateurs évoluant dans les profondeurs soient trompés par une couleur très claire, se fondant ainsi sur les reflets du soleil à la surface ! 

Débutons cette présentation par deux groupes de poissons pélagiques de subsurface qui présentent des comportements assez similaires : ils effectuent des vols planés ou des sauts hors de l’eau pour échapper à leurs prédateurs ! 

Observer-poisson-volant

1 - Le poisson volant

Le poisson volant est un poisson intrigant et bien singulier, il en existe plus de 70 espèces regroupées en plusieurs genres dans toutes les mers chaudes du globe ! Il évolue très souvent au large mais peut se rencontrer ponctuellement aux abords de certains lagons à la tombée de la nuit, à proximité des passes et des embarcations, celui-ci étant particulièrement attiré par la lumière. Il se nourrit de minuscules proies, le plus souvent de planctons, bien que sa taille soit relativement raisonnable (entre 30 et 45cm en fonction des espèces). Le grand développement de ses nageoires pectorales et ventrales, qui agissent comme de véritable ailes pour le vol plané, constitue sa caractéristique essentielle et il n’est pas rare de le voir s’enfuir du sillage des bateaux de plongée pour « voler » sur plusieurs mètres, généralement de 30 à 50 mètres bien qu’il ne soit pas rare d’observer son envol sur de longues distances, parfois plusieurs centaines de mètres. 

Au niveau du vol, le poisson volant est particulièrement impressionnant et n’a rien à envier à ses homologues à plumes, l’impulsion de son vol, dont la vitesse atteint 60km/h est donnée au départ par le battement du lobe inférieur de la nageoire caudale. En temps normal, le poisson volant ne fait pas appel à ses capacités de vol pour se nourrir ou pour la reproduction. Il s’agit avant tout d’un comportement de fuite pour échapper aux prédateurs du large : coryphènes, bonites, thons, marlins, requins et dauphins. En réalité, le vol est précédé par une nage en surface à grande vitesse avec les nageoires collées au corps, jusqu’à ce que le poisson saute de l’eau et déploie ses ailes pour entamer son vol à plusieurs centimètres de la surface. 

En cas de chasse incessante, l’exocet (c’est son autre petit nom) peut prolonger son vol plusieurs fois en replongeant sa nageoire caudale dans l’eau afin de créer une nouvelle impulsion. 

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2 - L’aiguillette

Aussi surnommés « bécassine de mer », ces poissons vivent souvent en groupe en subsurface et possèdent tous un corps extrêmement fuselé à l’aspect parfois serpentiforme, prolongé par un véritable bec. Ils possèdent aussi des nageoires ventrales et dorsales situées très en arrière, qui les aident à « courir » à la surface de l’eau. L’aire de répartition de l’aiguillette est relativement large : on la retrouve dans tous les océans du globe, qu’ils soient tempérés ou tropicaux, elle est également présente dans l’ensemble de la Méditerranée où il est relativement fréquent de l’observer sous sa forme juvénile aux abords du littoral. 

La taille des aiguillettes diffère assez d’une espèce à l’autre, généralement les poissons qui évoluent en banc atteignent une quarantaine de centimètres à l’âge adulte, ceux qui auront un tempérament plus solitaire auront parfois des tailles plus imposantes, jusqu’à 1 mètre. Au niveau de son alimentation, l’aiguillette est exclusivement carnivore, comme toutes les espèces du large. Il est fréquent de la voir évoluer au sein de bancs de maquereaux, dont elle n’hésite pas occasionnellement à prélever de petits individus pour s’alimenter. Les jeunes aiguillettes sont, quant à elles, chassées par de nombreux pélagiques comme les thons et bonites. 

Le mode de reproduction de ces espèces est assez intéressant. Étant ovipare, l’aiguillette pond ses œufs en pleine eau. Ces derniers sont munis d’un filament et se retrouvent très souvent fixés à des objets flottants en pleine mer. Les larves naissent sans bec en sont dès leur éclosion pélagiques, le bec se forme lors de la croissance au stade juvénile et peut finir par comporter 19 à 23 petites dents.

Tout comme le poisson volant, l’aiguillette est capable de voler rapidement (bien que sur de petites distances, on parle plutôt de saut) et affectionne également les lumières dans la nuit. Cela les rend particulièrement peu appréciées par les pêcheurs qui redoutent les éventuelles blessures que pourraient leur infliger les becs affutés de ces poissons.

Coureur-arc-en-ciel

3 - Le coureur arc-en-ciel

Elagatis Bipinulatta, de son nom latin, est un poisson bien particulier qui forme une seule et même espèce à l’aire de répartition très large. On dit qu’il s’agit là d’une espèce monotypique ! Aussi appelé « Comète saumon », c’est un poisson essentiellement pélagique qui a tendance à rester à proximité des littoraux sans jamais s’aventurer au grand large. Pour le reconnaitre, rien de plus simple : une queue en ciseaux d’un jaune vif, un dos bleu argenté avec une ligne ventrale séparatrice d’un bleu électrique. 

Tout comme la famille des carangues dont nous parlerons après, il s’agit d’un poisson grégaire qui apprécie vivre en bancs de plusieurs centaines d’individus (voire plus). On aperçoit souvent le coureur arc-en-ciel virevolter aux alentours des pinacles rocheux, des épaves mais aussi des grands lits de sable. En ce qui concerne son alimentation, celle-ci est assez variée et comprend la grosse faune planctonique ainsi que des poissons et céphalopodes de petites tailles, souvent juvéniles. Il lui arrive de se mettre sous la dent une méduse morte mais cela est relativement rare car il semblerait qu’il perde avec l’âge son immunisation contre leurs redoutables piqures. Eh oui, comme nous le disions précédemment, les eaux du large manquent cruellement d’abris pour se cacher des prédateurs, c’est ainsi que les alevins et formes juvéniles de ce poisson peuvent être retrouvés dans les filaments des méduses en haute mer. 

Toujours comme la carangue, sa taille peut être relativement imposante : jusqu’à 120cm de long pour les spécimens adultes, bien que la plupart des poissons observés en plongée avoisinent les 80cm. Enfin, autre similarité, il arrive au coureur arc-en-ciel de frotter sa peau contre celle du requin à pointe blanche ou requin soyeux (qui est plus rugueuse et semblable à du papier de verre) afin de se débarrasser d’éventuels parasites. 

Pour observer le coureur arc-en-ciel, il vous suffit d’opter pour une plongée à l’extérieur des lagons et sur les faces externes des récifs. On l’observe généralement dans toute la zone tropicale et ils accompagnent régulièrement la raie Manta.

Carangue-Mediterranee

4 - La carangue à tâche noire

On dira que toutes les espèces de carangues sont semi-pélagiques tant leur vagabondage les maintiennent habituellement au cœur de la masse d’eau, toujours au-dessus du plateau insulaire. Il arrive cependant que quelques espèces quittent momentanément la pleine eau pour se nourrir sur les fonds. 

Les carangues sont très connues dans le domaine de la plongée car elles forment un regroupement de poissons massifs, à la taille généralement considérable (qui les rend très populaires dans la pêche au gros notamment). Pour changer, intéressons-nous à une espèce plus petite, qui se rencontre au large mais aussi à proximité des rivages à la période estivale le long de nos côtés méditerranéennes : la carangue à tâche noire. 

Pouvant atteindre tout de même les 50cm, celle-ci est d’une taille relativement faible en comparaison d’autres espèces pouvant mesurer jusqu’à 150cm ! L’intérêt de la carangue à tâche noire est de pouvoir être observée à seulement quelques mètres de profondeur à son stade juvénile. Ainsi, dans le sud de la France, aux alentours de Marseille et du parc de Port-Cros, il est tout à fait possible de l’observer en snorkeling à la surface de l’eau, où elle se déplace généralement en groupe de 5 à 10 individus. Impossible de la rater : elle ne ressemble en rien aux autres poissons observés généralement dans la zone rocailleuse de la côte. De plus, sa queue en ciseaux noire la rend aisément identifiable, tout comme ses petites taches noires sur les flancs. Il est aussi possible de la croiser le long des plages de sable où elle n’hésite pas à s’aventurer très près du bord à la recherche de petites proies planctoniques. 

Autour des sites de plongée tropicaux, la carangue à tâche noire peut être observée accompagnant des prédateurs tels que les requins ou encore de gros poissons pour profiter des quelques restes de nourriture qu’ils pourraient en retirer. Il est aussi commun de la retrouver sous des objets flottants, naturels ou non, où elle s’abrite en pleine mer. 

Barracuda-plongee

5 - Le barracuda

Une icône sous-marine ! Le barracuda est relativement connu dans la culture populaire (Barracuda du groupe Heart ou encore le petit refrain de Cloclo), pourtant, peu de gens sauront vous parler de ce poisson intriguant et menaçant (c’est ce qu’on dit de lui...). 

Alors, outre avoir fait l’intro du film d’animation Nemo, qu’en est-il réellement du barracuda ? 

Sachez tout d’abord qu’il emprunte également le nom de « Bécune » ou de « brochet de mer » pour la ressemblance et que sa réputation n’est pas forcément fausse. Alors non, plonger aux côtés d’un banc de barracudas ne représente pas un danger en soi mais leur comportement peut-être relativement imprévisible. Il n’est pas rare qu’ils chargent s’ils se sentent menacés, d’ailleurs il arrive qu’il soit autant (et parfois plus) craints que les requins dans la région caribéenne alors qu’ils ont très bonne réputation dans tout le bassin indopacifique. Il en est de même en Méditerranée, les bancs de barracudas rencontrés au large de l’île d’Ustica, en Sicile, ou encore autour des îles Mèdes en Espagne, n’ont jamais montré un signe de quelconque agressivité. 

En réalité, le barracuda est apparenté à la famille du mulet, surprenant non ? Ils possèdent tous deux un corps argenté et cylindrique, des nageoires dorsales nettement séparées. Cependant la ressemblance s’arrête là, cette parenté ne concerne ni leurs écailles qui sont petites, ni leur bouche armée de carnivore et encore moins leur grande prédation. 

En effet, la bouche du barracuda est impressionnante, elle est très grande et largement fendue. La gueule représente une mâchoire inférieure plus longue que la supérieure. Elle est garnie de crocs en dents de scie ainsi que de deux paires de redoutables canines (peu rassurant...). Toute cette artillerie fait qu’il est capable de sectionner en deux une proie de bonne taille ! 

Ou-plonger-avec-Barracuda

Concernant la plongée avec le barracuda, elle est relativement sécurisée en réalité, l’agressivité dont nous avons parlé concerne avant tout le barracuda du grand large, qui est très rare à rencontrer, même en pleine eau. Les bancs que vous pourriez observer en Méditerranée sont inoffensifs et offrent de magnifiques spectacles : une myriade de corps argentés reflétant le bleu profond de la Méditerranée, qui ondulent à la façon d’une voile métallique au gré des courants... magnifique ! 

Poisson-volant-plongee

Notre tour d’horizon des espèces du large touche à sa fin et nous espérons vous avoir fourni de précieuses informations concernant des poissons dont nous avons peu l’habitude de parler. L’océan regorge de tellement de mystères et de beautés... Que diriez-vous d’en apprendre davantage sur des poissons tout autant singulier dans notre article dédié aux espèces qui excellent dans l’art du camouflage ? C’est ICI

Bonne journée, l’équipe Subocea.


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