5 espèces peu connues à vous présenter

La plongée sous-marine est l’activité idéale pour explorer les trésors de Dame Nature et en apprendre toujours plus sur le monde qui nous entoure.

Publié le 12/07/2022

Avec plus de 28 000 espèces de poissons identifiées et répertoriées à travers le monde, ce sont en tout plus de 16 000 espèces marines que vous pouvez observer à travers les 5 océans et mers du globe. 

Des milliers d’espèces aux couleurs folles et chatoyantes cohabitent dans diverses destinations et les plus connues auprès des plongeurs et du grand public sont continuellement sous le feu des projecteurs (citons par exemple le célèbre poisson-clown ou le poisson-chirurgien bleu, popularisés début 2000 par le géant des films d’animations). Pourtant, on oublie encore que certaines espèces mériteraient, elles aussi, qu’on leur porte une petite attention car leur mode de vie est complètement atypique. Curieux de découvrir quelles sont les espèces dont nous aimerions vous parler aujourd’hui ?  

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Nous avons sélectionné pour vous 5 espèces de poissons qui, pour nous, mériteraient davantage de considération et que nous adorons rencontrer lors de nos diverses escapades en mer. 

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1) Le rémora

Il y a des poissons comme celui-ci qui se sentent une âme à servir les autres, notamment lorsqu’il s’agit de propreté. Nous avons donc en première position le rémora, une espèce de poisson faisant partie de la famille des échénéides. Le rémora tient son nom du latin, « remora », signifiant « retard », les anciens pensant qu’ils étaient capables de ralentir les navires, voire de les stopper ! Le rémora vit habituellement dans les eaux chaudes, souvent tropicales et subtropicales, mais aussi tempérées du monde entier, comme la Méditerranée. Il existe 8 espèces de rémoras, qui peuvent mesurer jusqu’à 1 mètre de longueur, toutes accompagnées d’une queue en éventail et d’une ventouse de forme ovale.

Le rémora est également appelé « poisson-pilote », correspondant plus à un terme générique ou encore « Shark-sucker », due à son habitude de se coller à ses hôtes marins : tortues de mer, raies, gros poissons, cétacés, cette espèce aime se coller littéralement à ses confrères grâce à sa ventouse hyper puissante. Néanmoins, et comme son surnom anglophone l’indique, le rémora possède son hôte favori : le requin.  Sa ventouse l’aide à se coller à la peau des requins, soit sur leur dos, soit sous leur ventre. En faveur de ses lamelles présentent sur son disque de succion, le rémora crée avec ses pointes un phénomène de friction, ce qui lui permet de rester (très) solidement fixé à son hôte jusqu’à ce que ce dernier se décide à effectuer un saut dans les airs pour se débarrasser du, ou généralement, des poissons fixés.

Cette espèce profite du moyen de transport efficace que représentent les requins et les autres grandes espèces, et se régalent des débris de nourriture émis par leurs hôtes durant les repas. Ainsi, le rémora fréquente exactement les mêmes lieux que ses hôtes. Ce dernier est un opportuniste, il se nourrit des restes, de déchets, et même des bactéries présentes sur la peau des requins. Ces derniers sont donc nettoyés et préservés de diverses infections de peau. Cette cohabitation est donc bénéfique dans les 2 sens, le requin est déparasité et le rémora bénéficie de la protection du requin.

Conseil à nos amis plongeurs : il suffit d’observer les requins et les tortues de mer pour que vous ayez grande chance d’apercevoir les rémoras. Par ailleurs, ils ne sont pas timides et n’hésiteront pas à coller les bateaux, les équipements de plongée et à vous fournir une session de nettoyage si vous en avez le temps  !

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2) La carangue royale 

Avant toute chose, la carangue royale est une espèce ubiquiste et semi-pélagique ! Appartenant à la famille des carangidae, on la rencontre dans des zones très étendues et variées, contrairement aux espèces endémiques qui elles, sont propres à un seul territoire. En effet, on les retrouve principalement dans la zone Indo-Pacifique, dans les hautes mers tropicales, depuis la côte Est de l’Afrique, jusqu’au Japon et la côte Ouest de la Basse-Californie, du Mexique, et de l’Équateur. On vous l’avait dit, il s’agit d’une espèce observable sur de nombreuses destinations dès lors qu’on évolue en haute mer, jusqu’à environ 80 mètres de profondeur. On la dit semi-pélagique car son vagabondage et son besoin constant de nager font qu’elle reste quasi-continuellement en pleine eau, à l’exception du moment où elle plonge sur les fonds pour se nourrir. 
Saviez-vous que la carangue « royale » se nomme ainsi de par ses bandes striées sur les flancs ?  Également appelée la « carangue jaune », sa couleur est argentée, tirant sur le jaune brillant, et accompagnée de taches noires. Elle peut mesurer jusqu’à 1m20, ce qui en fait l’un des plus grands poissons à observer en plongée. En effet, les espèces qui évoluent un peu loin du récif ont tendance à développer des tailles plus conséquentes de par l’espace qui leur est attribué et la taille minimal à avoir pour survivre en plein eau.

Tout comme le rémora, la carangue accompagne souvent les requins, les mérous et les raies dans leur sillage, et peuvent même vous suivre, amis plongeurs, durant votre aventure sous-marine. Il est dit que cette espèce est la préférée des plongeurs pour l’observation dans le milieu en pleine eau en termes de poisson pélagique. 

A noter que la carangue royale adulte est relativement différente de sa forme juvénile. Les individus jeunes sont parés d’un beau jaune très prononcé avec des tâches d’un noir profond sur les flancs, une vraie merveille ! 

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3) Le poisson-pilote (Naucrates Ductor)

Le poisson-pilote, appelé également en latin « Naucrates Ductor », est un poisson qui, comme ses confrères, accompagne les grandes espèces océaniques dans leurs trajets. Il fait partie de ces poissons pélagiques que l’on retient facilement grâce à son apparence bien singulière.

Appartenant lui aussi à la famille des carangidés, il mesure environ 60 centimètres, et se distingue par ses bandes transversales sombres sur tout le corps. Il suit les requins et les mammifères marins telles que les baleines et autres cétacés. Il a également été rapporté qu’il peut voyager auprès d’embarcations à vitesse limitée qui ne les mettent pas en danger. 

Une chose est très intéressante à propos de ce poisson que l’on peut facilement observer en mer Rouge, par exemple, en compagnie du requin Longimanus : sa croissance est relativement rapide en comparaison des poissons évoluant au sein du récif. Et oui, une fois de plus, pour survivre en haute mer, il est impératif de grandir vite et bien. Ainsi, les larves pélagiques, qui font tout juste 2 à 3 millimètres à l’éclosion, vont grandir jusqu’à une trentaine de centimètres en seulement 6 mois ! A cet âge-là, la maturité sexuelle est déjà atteinte et permet ainsi à l’espèce de se reproduire pour assurer au mieux son avenir. Durant toute sa jeunesse et sa phase de croissance, le poisson-pilote attend patiemment qu’un éventuel hôte passe à proximité pour aller se joindre à lui. En attendant, il reste la plupart du temps à l’abris de formations dérivantes, comme des algues mais aussi des déchets (malheureusement) pour bénéficier d’une protection et d’un camouflage. 

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4) Le gaterin arlequin

Le gaterin arlequin, lui, est très apprécié par les plongeurs de par son motif atypique, mais aussi car il est directement présent sur le récif corallien. On le distingue à sa couleur de fond claire à dominante blanche, parfois verdâtre ou jaunâtre, accompagnée de tâches rondes tirant sur le marron foncé. Il mesure environ 70 cm de longueur à l’âge adulte et possède une grande bouche pourvue de lèvres charnues, ce qui le distingue fortement des autres espèces. 

On le rencontre dans les récifs coralliens, dans l’Indo- Pacifique tropical Ouest et Central. Si vous prévoyez de faire une plongée à Mayotte, la Réunion, en Nouvelle-Calédonie ou même en Polynésie-Française, vous allez pouvoir en rencontrer facilement car eux non plus ne sont pas farouches.

Le gaterin arlequin est plutôt un poisson discret, qui n’apprécie pas réellement les fortes densités des récifs coralliens trop peuplés. C’est un poisson solitaire, à l’abri des coraux, et qui est davantage un poisson nocturne que diurne, puisqu’il se cache dans les grottes sous-marines et les tombants durant la quasi-totalité de la journée. Par ailleurs, il se nourrit seulement la nuit de mollusques, de crustacés et de petits poissons, il attend donc patiemment la tombée sur jour pour enclencher son mode chasse.

Fun fact, on l’appelle aussi le poisson « grogneur » (grunt en anglais), à cause des sons qu’il émet avec ses dents pharyngiennes, qui par la suite, sont amplifiés par la vessie natatoire.

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5) Le lutjan ou vivaneau 

Le vivaneau fait partie de la famille des Lutjanidae, et se divise en une centaine d’espèces où les couleurs, motifs et les tailles, bien entendu, diffèrent d’une espèce à l’autre. 

On retrouve le lujtan dans les eaux tropicales, notamment celles de l’Indo-Pacifique, dans lesquels les récifs coralliens sont leurs abris de prédilection. On peut également les rencontrer en eau saumâtre dans certaines mangroves. Le lujtan est sédentaire et territorial. En effet, il a besoin d’un abri qu’il ne quitte exclusivement que pour se nourrir et se reproduire. Il est plutôt discret et solitaire, même s’il peut se regrouper avec ses congénères en bancs de plusieurs dizaines et centaines d’individus au-dessus du récif. Cette espèce est carnivore, elle se nourrit de petits poissons, crustacés, tels que des crabes ou des crevettes, d’invertébrés, ou d’espèces planctoniques. 

Le lujtans à raies bleues est sans doute l’espèce de cette famille la plus répandue dans l’océan Pacifique. 

Cette dernière est également l’une des préférées des plongeurs avec ses couleurs électrisantes. Cette apparence, ainsi que sa taille, pouvant aller jusqu’à plus de 30 centimètres, en font un poisson aisément reconnaissable sur le récif, d’autant plus qu’il a tendance à rester visible sans se réfugier dans les anfractuosités coralliennes dès lorsqu’il évolue en bancs. 

En Nouvelle-Calédonie, une espèce y ressemble fortement : le lutjan à queue bleue, dont les adultes fréquentent le lagon mais où les juvéniles ont tendance à se réfugier dans la mangrove, comme c’est le cas du Platax par exemple. En effet, la mangrove est moins sujette à la prédation et les cachettes y sont nombreuses grâce aux nombreuses racines d’arbres, dont le fameux palétuvier, qui servent d’abris aux jeunes poissons avant le retour vers le récif. Petite anecdote : les lutjans sont les poissons récifaux qui supportent le mieux les changements de salinité, c’est pour cela que leurs répartitions topographiques sont si large, voire parfois jusqu’en eau douce pour certains poissons particulièrement résistants (il en est de même pour certaines carangues) !

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Que ce soit dans les récifs des Maldives ou au cœur du Triangle de corail, ces espèces peu connues ne manquent pas de fasciner les plongeurs de par leur morphologie, leur motif et surtout leur étrange comportement à l’égard des plus grandes espèces des océans ou des relations tissées avec leur environnement direct. La diversité de ces poissons ne cesse de nous surprendre et les nouvelles découvertes font partie du lot quotidien de nos plongeurs en voyage à travers le monde. Avec un petit peu de curiosité et d’écoute sur le monde extérieur, les aventures sous-marines prennent tout de suite une dimension riche et extrêmement précieuse. En parlant de curiosité, et si vous en appreniez davantage sur les 5 espèces marines indispensables à la bonne santé des récifs coralliens ? Bonne lecture ;)