Bull shark is coming

De novembre à mars, la région de Playa del Carmen, au cœur du Yucatan mexicain, devient le lieu incontournable pour admirer l’un des plus inquiétants de tous les squales, nous avons nommé le requin-bouledogue !

Publié le 09/11/2022

L’automne bat son plein, les températures chutent et l’envie de rester emmitouflé dans un plaid devant un film vous guète. Au programme : Les dents de la mer, Sharknado, The Meg, The Shallows, Sharktopus et bien d’autres. Leur point commun : une grande dose de cinéma (peut-être même trop), et, en ce qui nous concerne, les requins !

Ces jours-ci, et ceux qui suivent, forment une période idéale pour mettre à l’honneur ces somptueuses espèces aussi intrigantes qu’impressionnantes. De novembre à mars, la région de Playa del Carmen, au cœur du Yucatan mexicain, devient le lieu incontournable pour admirer l’un des plus inquiétants de tous les squales, nous avons nommé le requin-bouledogue ! 

Plonger-requin-bouledogue-Mexique

La zone caribéenne du Mexique forme une région extrêmement riche pour des plongées éclectiques : cénotes en eau douce, épaves, snorkeling, herbiers, formations coralliennes ; de nombreuses plongées dans une magnifique eau turquoise où tous les niveaux de plongeurs pourront trouver leur bonheur. Playa del Carmen est connue dans le monde entier pour être située au plus près de Cozumel, trésor sous-marin classé à l’Unesco, mais aussi pour son sanctuaire de requins-bouledogues à la saison automnale. Ces derniers, avec leur apparence, leur comportement, leur alimentation, leur mode de vie, forment une espèce bien particulière qui tranche nettement avec le reste des squales observables dans cette région du monde. Passons au crible ces spécificités pour percer les secrets de cette vedette du cinéma.

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Une espèce particulièrement impressionnante

Le requin-bouledogue est un grand prédateur, capable d’effrayer petits et grands, et ce n’est pas le réalisateur de Peur Bleue qui nous dira le contraire ! Prenons en considération les mensurations de ce squale : pouvant mesurer jusqu’à 4 mètres de long et peser 300 kilogrammes, le requin-bouledogue prend de la place et sait se faire remarquer. En termes de coloration, il s’accorde avec la plupart des autres requins, avec un dos gris à brun olivâtre avec un ventre tirant vers le blanc. Ses nageoires pectorales sont larges avec les extrémités foncées. En ce qui concerne l’attribution de son nom commun, ce squale la doit avant tout à son étonnant museau, court et aplati, qui s’apparente donc au bouledogue ou à un taureau selon un œil anglosaxon (Bull-Shark). Comme la plupart des requins Carchariformes, dont le requin-bouledogue fait partie, des membranes nictitantes sont présentes sur l’œil. Sa mâchoire supérieure a des dents triangulaires larges et crantées tandis que la mâchoire inférieure dispose de dents verticales et pointues. 

On remarque une différence physique entre mâles et femelles : le mâle possède une paire de ptérygopodes, des organes reproducteurs issus de la modification des nageoires pelviennes facilement visibles. Le poisson vivipare qu’est le requin-bouledogue peut donner vie à une douzaine de petits à la suite d’une gestation durant tout de même de dix à douze mois. Le bébé naît entièrement formé, une version miniature des adultes, mesure entre 50 et 80 centimètres de long et bénéficie également d’une faculté euryhalin. Quèsaco « Euryhalin »?

Comprenez par là que le petit est, dès la naissance donc, capable de s’adapter aux grandes variations de salinité de l’eau et pourra donc vivre dans les mangroves, afin de s’abolir le plus possible de la prédation des autres squales et grands chasseurs du grand large ou bien même parfois s’aventurer complétement en eau douce. Il faudra au petit requin patienter jusqu’à une dizaine d’années avant d’atteindre sa majorité sexuelle et sa taille adulte d’environ deux à trois mètres en moyenne. Les femelles de cette espèce préfèrent donner naissance dans les eaux douces des rivières justement et il faut noter qu’il s’agit là de la seule espèce de requin capable d’entamer des mouvements migratoires si longs en eau douce. Jusqu’à une centaine de kilomètres selon les estimations les plus folles ! Pourquoi ? Car l’eau douce est riche en nourriture et que c’est surtout une zone sûre car les autres requins ont tendance à s’attaquer et à pratiquer le cannibalisme intraspécifique.

Requin-bouledogue-eau-douce

Le requin-bouledogue, un chasseur hors pair

« Le requin qu’on ne voit pas est toujours plus dangereux que celui qu’on voit ». Cette citation de Jeffrey Deaver parue en 2007 prend tout son sens lorsque l’on parle du requin-bouledogue. En effet, ce squale est réputé pour être particulièrement, dangereux, bien plus que le grand requin blanc auquel on attribue le rôle de méchant au cinéma. N’ayez crainte, les plongeurs ne constituent pas leur repas de prédilection et c’est ce dont vous pourriez vous rendre compte en plongeant au large de Playa del Carmen. Ici, ce requin reste facilement à l’écart des plus téméraires qui souhaiteraient l’observer dans son habitat naturel. 

Mais alors, quel est le comportement classique d’un requin-bouledogue et pourquoi cette réputation ? 

Généralement solitaire, le requin-bouledogue est un chasseur né. Grand carnassier et charognard, il est sans doute le plus agressif des requins. C’est en eau tropicale à tempérée, boueuse et trouble qu’il met son art en application. Il se cache facilement, écoute ses ampoules de Lorenzini (de fabuleux capteurs sensoriels), sent le repas arriver et fonce sur sa proie une fois repérée. Il utilise ses mâchoires extrêmement puissantes pour mordre sa proie, ne lui laissant ainsi aucune chance de s’en sortir. A ce sujet, il possède la morsure la plus puissante de tous les requins en termes de pression (quasiment 1/3 de plus que celle du grand blanc) ! Très mobile, il explore sans cesse les eaux du monde à la recherche de nourriture et peut parcourir plus de 180 kilomètres par jour, disons qu’il a la bougeotte !

Autre avantage dont il dispose : il est semi-pélagique. Comme nous le disions, Il fait partie des rares poissons à pouvoir changer de type d’eau selon sa propre volonté et surtout très rapidement ; eau de mer ou eau douce ; ce qui lui permet donc de chasser sur de très vastes zones sans pour autant devoir s’adapter petit à petit à un nouvel environnement contrairement aux autres poissons. Préférant les eaux peu profondes jusqu’à 150 mètres, il peut tout à fait remonter des fleuves comme celui du Tigre, du Zambèze ou encore du Mississippi.  De ce fait, le requin-bouledogue est le prédateur de nombreuses espèces sous-marines. Grosso modo et pour résumé parfaitement la situation : il mange tout ce qu’il trouve. Omnivore à tendance carnivore, l’espèce peut se nourrir pendant plusieurs jours d’éléments végétaux, après tout, quand on n’a rien à se mettre sous la dent. Ses proies de prédilection restent cependant les poissons d’eau de mer ou d’eau douce, les raies, les tortues marines, les dauphins, les calamars, les mollusques, les oiseaux… et les autres requins. C’est ce qu’on appelle plus communément « manger à tous les râteliers » !

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Les zones tropicales pour terrain de jeu

Vous l’aurez compris, on retrouve le requin-bouledogue majoritairement dans les eaux peu profondes jusqu’à 150 mètres. Bien qu’il soit semi-pélagique, donc à même de vivre en haute mer, il est capable d’évoluer pendant des mois entiers en rivières, dans des fleuves et ce à de bonnes distances de l’océan. On le croise facilement dans le Zambèze (d’ailleurs on le nomme aussi « Requin-Zambèze », le Mississippi, le Gange, le Tigre, l’Amazone ou encore le lac Nicaragua. Il se rencontre également près de tous les littoraux bordés par des eaux tropicales et subtropicales, à la température oscillant entre 24°C et 28°C. En revanche, on le remarque que très rarement en mer Rouge contrairement à d’autres espèces comme le Longimanus.

De novembre à mars, les femelles prennent congé en Afrique du Sud, au Mozambique, aux Bahamas mais surtout au Mexique, à proximité de la magnifique station balnéaire de Playa del Carmen. 

Haut lieu de la province du Yucatan pour la plongée sous-marine, la ville est bordée de plages de sable blanc et baigne au milieu des Caraïbes : une destination de choix donc pour ceux qui aimeraient découvrir la richesse de ses eaux tout en profitant de magnifiques visites et excursions terrestres au Yucatan et au Quintana Roo. Cénotes, épaves, récifs coralliens, plaisirs de la ville, vestiges archéologiques… à vous de choisir ! 

Cenote-Playa-del-Carmen

Prenons les cénotes par exemple, ces puits d’eau naturels existent dans toute la péninsule et la plongée y est évidemment possible. Celui de Chaak Tun se situe à seulement dix minutes de Playa del Carmen et vous réserve une expérience de snorkeling magnifique. Appréciez l’ambiance qui se dégage de ce lieux tout en prêtant attention à la faune locale. Par endroit, vous pourrez y remarquer des poissons albinos de la famille des characidés ou encore des crevettes d’eau douce comme sur le site de Dos Ojos. 

Retour en mer ! Les épaves du C-56 wreck et du Mama vina wreck sont deux incontournables pour immerger dans le passé. Avant de vivre des sensations fortes avec les requins-bouledogues, vous pourriez aussi admirer de nombreux poissons-voiliers présents en masse au large de Playa de Carmen grâce au nombre important de sardines en hiver. Les espadons et raies aigles sont également fréquents dans la région chaude, ce qui vous permet de les observer régulièrement lors de vos plongées. Tortues caouannes et tortues vertes sont également des espèces à voir au Yucatan de mai à septembre lors de leur période de ponte. 

Enfin, faisons place à un autre requin hyper populaire auprès de tous les plongeurs : le requin-baleine.  Lors d’un séjour au Yucatan, n’hésitez pas à opter pour une excursion près d’Isla Mujeres, Isla Holbox ou Isla Contoy. Ces trois îles paradisiaques accueillent de nombreux requins-baleines en période estivale, de juin à septembre, lorsque les planctons affluent dans la zone et chargent donc les eaux en nutriments. Il vous sera alors possible d’avoir peut-être la chance d’observer l’un d’entre eux.

 En hiver, la température de l’eau est un peu plus fraîche, génère moins de planctons et attire davantage les requins-bouledogues. A seulement quelques centaines de mètres des plages, le requin-bouledogue devient alors facilement observable à une profondeur oscillant entre 20 et 30 mètres. Ce n’est pas pour rien que nous vous recommandons une plongée à Playa del Carmen, elle figure dans le top 3 mondial de la plongée avec les requins-bouledogues tout comme Ponta do Ouro au Mozambique et Beqa aux îles Fidji.

Requin-bouledogue-caraibes

Vous l’aurez compris, un instant passé en compagnie du requin-bouledogue est particulièrement impressionnant et riche en sensations. Ce qui est certain, c’est que l’expérience ne laisse pas de marbre, au contraire. Se retrouver posé sur le sable à 20 mètres de profondeur et voir arriver au loin plusieurs dizaines de requins a tendance à libérer une bonne dose d’adrénaline, vous pouvez nous croire ! Point d’orgue de cet instant plongée : le survol des requins-bouledogues au-dessus de vos têtes et leurs allers et venues incessants entre les plongeurs. Amateurs de sensations fortes, en choisissant Playa del Carmen pour destination hivernale, vous ne serez pas déçus.